jeudi 31 juillet 2008

Ils ont tué Jaurès !

Aujourd’hui, il se trouve que c’est l’anniversaire de l’assassinat de Jaurès.
Et ça me fait penser à une chose que j’ai entendu encore récemment, et qui a le don de m’énerver au plus haut point : « le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ».

Entendons-nous : ce n’est pas cet extrait du discours à la jeunesse de 1903 qui me met en rogne, c’est l’utilisation abusive et souvent à contre sens qu’en font un grand nombre de socialistes pour justifier tous les renoncements possibles. Jaurès aurait dit que le courage, c’est de mettre de l’eau dans son vin ? Faux !
D’abord, il faut prendre ces mots dans leur contexte. La phrase suivante est celle-ci : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Comment être plus clair ?
Se détacher de la pensée hégémonique triomphante, ne pas se soumettre au « bon sens », à « l’avis unanime des experts », ne pas céder au dogmatisme, remettre toujours en cause ce en quoi l’on croit, mais ne pas forcément tout jeter de nos valeurs au premier changement de mode venu…

Alors, à tous ceux qui nous expliquent à longueur de congrès, de contributions et de déclarations diverses qu’aller à l’idéal et comprendre le réel, c’est être conscient qu’au vu de la situation actuelle on ne peut pas faire grand chose, je réponds qu’au contraire ce qu’attendait Jaurès, c’est que l’on fasse l’effort d’apprendre et de comprendre l’état du monde réel pour mieux le critiquer, le transformer, pour aller efficacement, réellement vers un monde idéal.
Nous qui nous réclamons de l’héritage de Jaurès, rendons lui un peu grâce, arrêtons de nous faire plus bêtes que nous sommes pour justifier notre immobilisme honteux et d’autant plus coupable que le camp d’en face s’active, attaque sans cesse et crée de la souffrance partout.