jeudi 29 septembre 2011

Celui qui est tout ému du jour

C’est Fabien Robert, adjoint au maire de Bordeaux Alain Juppé.

Pourquoi ému ? Parce qu’il représentait hier soir le maire à un rassemblement organisé par le Girofard, le centre LGBT de Bordeaux, pour dénoncer l’agression homophobe dont ont été victimes deux jeunes gens la semaine dernière au miroir d’eau.

Loin de moi l’idée de remettre en cause la sincérité de l’émotion de Fabien Robert. Mais je ne peux m’empêcher d’en appeler à sa cohérence.

Il est ému mais il soutient l’installation de caméras de vidéo-surveillance, en particulier dans cette zone, alors même qu’elles viennent de donner raison à tous ceux qui expliquent depuis des années que ce dispositif est inefficace à prévenir les agressions. Tout cet argent public serait sûrement mieux employé par une police de proximité et par les associations luttant contre les discriminations et pour la tolérance.

Il est tout ému mais il soutient un maire qui est par ailleurs le pilier d’un gouvernement qui refuse obstinément l’égalité des droits. Dans une société où l’homophobie est latente, accepter que la loi elle-même ne soit pas exemplaire, c’est se rendre complice des agressions, des insultes, des remarques et des gestes humiliants.

Le rôle des responsables politique n’est pas de démontrer leur émotion en public. Le rôle des responsables politiques et d’améliorer la vie des gens qui les ont élus pour ça. J’espère que l’émotion de Fabien Robert lui fera prendre conscience des lacunes coupables des politiques qu’il soutient.

mardi 27 septembre 2011

La victoire mathématique du jour

C’est cette nouvelle catégorie de victoire inventée par la droite pour ne pas assumer une défaite pourtant historique. La gauche majoritaire au Sénat pour la première fois dans l’histoire de la Ve République ? Circulez, y’a rien à voir.

On voit bien l’intérêt de cette position car finalement, si la victoire de la gauche est mathématique, c’est qu’il n’y a pas de responsable. Quel que soit le contexte, quelle que soit la campagne, quelle que soit la politique du gouvernement on savait qu’elle gagnerait de toute façon au vu des dernières élections intermédiaires. C’était la fatalité.

La logique est implacable.

Ou alors c’est bel et bien la faute du gouvernement. Cette communication désastreuse qui revient à assimiler les grands électeurs, dont beaucoup sont des élus ruraux peu ou pas encartés, à des robots préprogrammés est révélatrice du mépris doublé d’autisme dont fait preuve le gouvernement, de la césure incroyable qui sépare l’UMP de ces élus locaux, et du mutisme lâche et coupable des parlementaires UMP qui ne relaient plus l’avis de leurs territoires de peur de déplaire au palais.

La logique est implacable.

jeudi 1 septembre 2011

Le discours du jour

C’est celui prononcé par Laurianne Deniaud, présidente des Jeunes Socialistes, lors de l’université d’été des socialistes à La Rochelle dimanche dernier. Je vous invite vivement à l’écouter

Ce discours a été unanimement reconnu comme le plus marquant de cette édition 2011. Cela tient principalement, il me semble, à la force et la sincérité du propos. La conclusion, en particulier, dans laquelle Laurianne en appelle au renouvellement, a généré dans l’assistance un fort enthousiasme, auquel je me suis pleinement associé. Ceux qui lisent ce blogue savent en effet que c’est l’un des mes sujets de prédilection et que j’évoque régulièrement les fonctionnements sclérosés, les baronnies locales, la reproduction des élites autoproclamées, la dilution idéologique, etc. 

Car c’est le fondement même de la démocratie que de considérer qu’aucun mandat, aucune charge élective, aucune responsabilité politique ne puisse être la propriété privée de qui que ce soit. Un mandat n’est pas un bien acquis une bonne fois pour toute dont on dispose de manière discrétionnaire, soit qu’on veuille le garder ad vitam æternam, soit qu’on le transmette en héritage. 

La conséquence la plus néfaste de ce dysfonctionnement, c’est l’instauration d’une sorte de société de la médiocrité où en définitive le détenteur de la moindre part de responsabilité en vient à oublier l’objectif collectif et n’a comme occupation principale que de s’assurer que personne ne soit en capacité de le surpasser. A force de frustrations et de désillusions, les meilleurs éléments du groupe sont marginalisés puis écartés et ne restent que les médiocres ou les affidés. 

Face à cela, les socialistes qui doivent défendre la démocratie partout et toujours, peuvent porter une alternative : une société collaborative. Mais ça suppose un changement radical de perspective. L’objectif ne doit plus être la prise du pouvoir pour transformer la société mais directement la transformation sociale partout où c’est possible, au pouvoir le cas échéant comme dans toute activité sociale, associative, syndicale, etc. 

Pour prendre une image sportive, il faut que chacun prenne enfin conscience que la stratégie de course compte tout autant que l’arrivée elle-même. Peu importe qui franchit la ligne le premier, l’important est d’y arriver collectivement

Cette société collaborative rejoint un aspect du discours de Martine Aubry sur le care. Elle a d’ailleurs très clairement exprimé sa volonté de mettre fin aux mauvaises pratiques comme le cumul des mandats et c’est heureux de voir qu’entre jeunes et moins jeunes, il y a des convergences et qu’une évolution devient possible. J'espère pouvoir faire campagne pour Martine Aubry en 2012. 

Mais ce n’est qu’un petit début et même au fin fond des sections et des fédérations, même à l’échelle la plus insignifiante, le passage du discours enthousiaste aux actes n’est pas encore un automatisme.