vendredi 31 décembre 2010

La bonne résolution du jour

C’est celle à laquelle nous invite le simplement extraordinaire Stéphane Hessel : « Indignez-vous ! »

Il me semble pourtant que la jeunesse de 2010, un peu partout dans le monde, s’est indignée et qu’elle l’a fait savoir. On peut évidemment prendre l’exemple français de la lutte contre la réforme des retraites qui n’a été, à mon avis, que l’occasion d’exprimer une indignation beaucoup plus large et, en particulier, un rejet de la xénophobie érigée en pratique gouvernementale systématique. Mais il y a aussi la jeunesse grecque qui combat depuis des années le démantèlement de l’enseignement supérieur et qui a uni sa voix cette année à tous ceux qui dénonçaient le plan d’austérité imposé injustement au peuple grec, comme une punition qui serait infligée à la victime plutôt qu’au coupable. Il y a encore la jeunesse britannique qui se fait bruyamment entendre contre la réforme inqualifiable de l’enseignement supérieur (tiens, une constante). Il y a la jeunesse biélorusse qui manifeste, malgré les rafles et les violences policières, pour demander que la démocratie ne s’arrête pas aux portes de l’Union européenne. Il y a enfin la jeunesse de Gaza qui vient de publier un manifeste qui, je l’espère, fera date.

Ils nous disent en particulier ceci : « Il y a une révolution qui bouillonne en nous, une énorme indignation qui finira par nous démolir si nous ne trouvons pas le moyen de canaliser cette immense énergie pour remettre en cause le statu quo et nous donner un peu d’espoir. »

Quel jeune de 2010, où que ce soit, peut-il observer le monde dans lequel il vit sans comprendre au plus profond de sa conscience ces paroles ?

Tout est là et, pour revenir au message de Hessel, l’indignation doit être le premier pas vers l’engagement. Les auteurs du Programme du Conseil national de la Résistance adressaient en 2004 un message à la jeunesse qui est encore parfaitement actuel et dont je fais ma bonne résolution pour 2011 et pour la décennie qui commence.

Résister c’est créer, créer c’est résister.



lundi 27 décembre 2010

La révélation du jour

C'est Alain Juppé, ministre d'Etat de son état, qui l'a faite ce matin.

Interrogé par Radio France lors de son séjour en Afghanistan, il lui a été posé une question sur la situation en Côte d'Ivoire. Notre ministre, qui se serait bien vu aux Affaires étrangères, a alors invité les français résidant en Côte d'Ivoire à regagner "la métropole".

Soit on a oublié de prévenir Alain Juppé que la Côte d'Ivoire a célébré cette année les 50 ans de son indépendance, soit on a oublié de prévenir le peuple ivoirien qu'il y a une petite méprise et qu'ils sont toujours sous domination française.


juppe le colon "occupe-toi de ta métropole seulement"
envoyé par koffia. - L'info internationale vidéo.

mercredi 22 décembre 2010

Le joyeux noël du jour

C'est celui que vivent nos camarades biélorusses.

La presse fait ses gorges chaudes du cas Laurent Gbagbo, Nicolas Sarkozy montre ses muscles à la Côte d'Ivoire (et on se demande un peu dans quel but). Mais c'est "l'Afrique", chacun est dans son rôle.

Pendant ce temps, au cœur même de l'Europe, Alexandre Loukachenko s'organise une élection sur mesure. Certes, la contestation essaye de s'organiser mais, dans la quasi indifférence, il n'y a qu'à envoyer la police faire le ménage dans les rues.

Ce qui me marque le plus des témoignages et des déclarations qui nous parviennent, c'est le vocabulaire employé par Alexandre Loukachenko au sujet des manifestants. Il parle de violences, de criminalité, d'irresponsabilité, etc. Venant d'un dictateur tout ça est finalement assez logique. Mais ce qui est édifiant, c'est qu'il s'agit exactement du même type de discours, de la même stratégie de communication qu'emploient les dirigeants de nos pays dits démocratiques dès qu'une contestation un peu bruyante et démonstrative s'exerce.

Ajouter à cela l'embarras d'admettre qu'on laisse un dictateur tranquille depuis plus de quinze ans dans un pays limitrophe de l'Union, on comprend peut être mieux le peu d'empressement qu'on a à montrer les muscles.

dimanche 19 décembre 2010

La disparition du jour

C'est celle de Jacqueline de Romilly, helléniste et académicienne, à l'age de 97 ans.



Pour moi, Jacqueline de Romilly est associée à une plaque commémorative du lycée indiquant qu'elle avait enseigné ici. Ajoutez à cela son statut d'immortelle, et vous comprendrez que quant à la vie et la mort de cette illustre personne, les frontières m'ont toujours paru assez floues.

Par contre, ce qui me touche le plus aujourd'hui c'est qu'il faudra bientôt des plaques commémoratives pour rappeler qu'à une époque on enseignait le grec et le latin, si importants selon moi pour mieux appréhender les fondements du monde occidental dans ce qu'ils ont de divers et de complexes.

A un moment où l'on commence à admettre que l'école ne permet pas de réduire les inégalités sociales, parce que les plus aisés financièrement restent les mieux dotés culturellement, ne pourrait-on pas se pencher sur les bénéfices d'un enseignement précoce des langues anciennes ? Parce que l'initiation au grec et au latin est en même temps une initiation à un raisonnement rigoureux de par la forme de leurs grammaires et, à travers les textes, une introduction à la philosophie, à l'art, aux sciences sociales, humaines et politiques qui sont autant de références nécessaires à la formation d'un citoyen en devenir.

La disparition de Jacqueline de Romilly ne fait que mettre en exergue la disparition tragique de l'enseignement des langues anciennes et de l'intérêt social de cet enseignement.

samedi 11 décembre 2010

Le crime de lèse majesté du jour

C'est celui perpétré par des manifestants londoniens sur les personnes du prince de Galles et de son épouse, la duchesse de Cornouailles.

 

Enfin, je dis leurs personnes, mais il s'agit surtout de leur Rolls Royce. En tous cas.

Les dignes représentants du monde moderne n'ont pas manqué de s'offusquer, de crier à la violence indigne et intolérable. Comme en Grèce. Comme en Italie. Comme en France.

Mais n'est-ce pas violent d'organiser la régression sociale dans un monde qui n'a jamais produit autant de richesses ? N'est-ce pas intolérable de violer de façon si systématique le droit à l'avenir des jeunes ? N'est-ce pas indigne d'attiser les peurs pour faire régner un semblant d'ordre ?


mercredi 1 décembre 2010

L'élection du jour

C'est celle d'André Simard dans la circonscription de Kamouraska-Temiscouata.


Je ne veux pas revenir ici sur les causes et le sens de cette victoire, même si cela mérite qu'on s'y attarde puisque ce n'est pas tous les jours que l'opposition gagne une circonscription lors d'une partielle. Mais les analystes politiques de la scène québécoise font ça beaucoup mieux que moi et je vous renvoie donc vers eux.

Par contre, je veux revenir sur ce qui m'a le plus marqué en observant cette élection : la soirée électorale et, en particulier, l'attitude de Pauline Marois, la chef du Parti Québécois, et des autres députés représentant le PQ dès l'annonce des résultats. Ils étaient là et faisaient la fête avec les militants. Je dirai même qu'ils faisaient la fête comme des militants.

En effet, les députés pqistes ont été visiblement mobilisés pour venir faire campagne sur le terrain. Que les militants socialistes qui lisent ceci s'imaginent en porte-à-porte dans leur circonscription avec François Hollande, Elisabeth Guigou ou Laurent Fabius. C'est un peu ce qu'ont vécu les militants de Kamouraska-Temiscouata. Avouez que ça donne envie, non ? Comment perdre dans ces conditions, quand tout l'appareil d'un parti est mobilisé ?

J'ai pourtant le sentiment que c'est une pratique qui n'est pas prête à se répandre en France. Pourquoi ? Parce que le député français est d'abord un élu local, souvent cumulard et persuadé qu'il ne doit son élection qu'à lui même, alors que le député québécois, élu localement, est d'abord un élu national membre d'un caucus (groupe parlementaire).

Jusqu'à mon séjour à Québec, je pensais qu'un mode de scrutin proportionnel, détachant l'élu de sa circonscription, favoriserait en France cette esprit et cette discipline de groupe. Je crois finalement que la solution serait d'abord la fin du cumul des mandats combinée à la volonté de la direction du parti. Dès lors que les députés devront beaucoup plus leur élection à des enjeux nationaux qu'à leur baronnie locale, d'une part, et que d'autre part le parti voudra redonner une vraie cohérence aux élus, alors on pourra sérieusement parler de stratégie électorale.