jeudi 20 mai 2010

la coincidence du jour

C'est celle qui ne peut pas en être une.

Je crois aux coincidences et je refuse de croire d'emblée que parce que deux événements se suivent, le premier est la cause du second. Si je claque des doigts le matin et qu'il pleut l'après midi, il semble tout à fait saugrenu qu'un lien de causalité puisse exister.

Hier, à Bangkok, dans la matinée, les forces de l'ordre ont lancé un assaut brutal contre les chemises rouges. Un peu plus tard après midi, à Bangkok, plusieurs bâtiments ont pris feu comme la bourse, des banques, des centres commerciaux ou une chaine de télévision privée. Coincidence ?

On a aussi le droit des penser que lorsque la démocratie est attaquée le matin et qu'en retour le peuple s'attaque aux symboles du capitalisme l'après midi, il y a une certaine logique.

mardi 18 mai 2010

la médaille de l'hypocrisie du jour (2)

... est à nouveau l'apanage d'Alain Juppé, qui remporte donc la médaille de l'hypocrisie de la saison et qui se place du même coup en très bonne position pour la médaille de l'hypocrisie de l'année.

Le maire de Bordeaux vient de publier un communiqué dans lequel il appelle les bordelais au rassemblement sur le parvis des Droits de l'Homme pour dénoncer "les comportements irresponsables et les propos haineux". Les mêmes causes produisant les mêmes effets (cf la médaille de l'hypocrisie du jour), le jury n'a pas les mots pour féliciter Alain Juppé de surpasser ainsi tout concurrent éventuel dans l'art de l'indignation feinte et du retroussage de manche de bon aloi.

Un détail : le rassemblement sera silencieux. Comprenez : il ne faudrait pas que quelqu'un rappelle tout fort les causes pour lesquelles nous en sommes là.

lundi 17 mai 2010

le chiffre du jour

C'est 13.

Un jeune homosexuel a aujourd'hui, en France, 13 fois plus de risque de commettre un suicide qu'un jeune hétérosexuel. Et quand on sait que le suicide est l'une des principale cause de décès chez les jeunes, on comprend l'ampleur de ce chiffre. Pour donner un élément de comparaison, un prisonnier a 7 fois plus de risque de se suicider qu'une personne en liberté. Et aujourd'hui, ce chiffre 7 fait du suicide en prison un sujet de société. Qu'en est-il du chiffre 13 ? Superstition peut être, mais on en parle peu.

La faute à qui ? Certainement à personne en particulier, mais à tout le monde en général.

Si une chose est certaine, c'est qu'on ne choisit pas son orientation sexuelle. Il faut l'accepter, vivre avec et s'épanouir. Mais peut-on s'épanouir quand on découvre son homosexualité dans une société où notre pire ennemi est "un sale pédé" ? Peut-on s'épanouir dans une école où celui qui échoue est une "tafiole" ? Peut-on s'épanouir dans une famille où le voisin qu'on n'aime pas est "un gros enculé" ? Je crois que la réponse est en grande partie dans ce 13.

dimanche 16 mai 2010

le perpetuel scandale du jour

C'est celui des positions de l'église catholique partout dans le monde.

Hier, le cardinal Ouellet, primat de l'église catholique du Canada, est venu apporter son soutien officiel aux mouvements anti-avortement. Dans son discours, il a insisté pour que même dans les cas de viol on ne puisse pas avoir recours à l'avortement, reprenant les arguments de ceux que nous appelons en France les traditionalistes.

Après le discours tenu par la pape Ratzinger à Fatima, au Portugal, la semaine dernière, il semble donc que la consigne soit passée de faire de l'avortement la cible principale des états-majors catholiques partout dans le monde. Ouellet a d'ailleurs saluer la décision du premier ministre canadien, Stephen Harper, de supprimer les aides aux programmes pour la santé des femmes dans les pays en développement.

Deuxième cible des catholiques canadiens, toujours en échos aux propos du pape : les homosexuels. En effet, à ce même rassemblement participait un "spécialiste" de l'homosexualité qui a essentiellement parlé de... pédophilie. Comme quoi, on est rarement surpris. Pour la blague, si je puis dire, la démonstration avait pour but de dénoncer les "athées sans foi ni loi", puisqu'on n'est jamais à un amalgame près, allant même jusqu'à soutenir que "avec des amis de Jésus, nous n'aurions pas ce problème". On demandera leur avis aux enfants de cœur.

Face à cette internationale des pères-la-morale, il serait grand temps de réveiller l'Internationale, la vraie, celle du progrès social et des droits universels de l'homme et de la femme.

lundi 10 mai 2010

la commémoration du jour

C'est celle de la Déclaration de Philadelphie concernant les buts et objectifs de l'Organisation internationale du Travail, adoptée le 10 mai 1944.

J'en cite simplement un extrait :
"[...] la conférence affirme que :
a) tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales ;
b) la réalisation des conditions permettant d'aboutir à ce résultat doit constituer le but central de toute politique nationale ou internationale ;
c) tous les programmes d'action et mesures prises sur le plan national et international, notamment dans le domaine économique et financier, doivent être appréciés de ce point de vue et acceptés seulement dans la mesure où ils apparaissent de nature à favoriser, et non à entraver, l'accomplissement de cet objectif fondamental ;
[...]"

On pourrait demander aux grecs, comme à tous les peuples "aidés" par le FMI, s'ils ont l'impression que les mesures prises dans leur pays ont pour objectif leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.




On retrouve la déclaration de Philadelphie dans son intégralité sur le site de l'OIT.

dimanche 9 mai 2010

la fiction du jour

Disons qu'il y a une guerre. Un pays de l'Union européenne est attaqué. C'est brutal et les populations civiles souffrent. Comment réagiraient les autres pays de l'Union ?

Visiblement, leur réaction serait d'observer, un tantinet inquiets, la situation évoluer. Quand se poserait légitimement la question de la solidarité, on insisterait alors sur les faiblesses du pays attaqué, comme pour dire qu'il l'avait un peu cherché, finalement. Chacun musclerait un peu ses défenses, au cas où il viendrait à l'attaquant l'idée de s'en prendre à un autre. Mais surtout chacun en profiterait pour faire passer en urgence les réformes les plus iniques, revenant sur des décennies de conquêtes sociales, parce qu'un tel épouvantail à agiter à la face du peuple ne se présente pas tous les jours.
Et puis, pour se donner bonne conscience, on proposerait au pays attaqué de lui vendre quelques armes à prix d'or. Il n'y a pas de petits profits.

Et dire qu'on nous explique à longueur de discours que si l'Union n'est pas forte, c'est parce que les citoyens "ne se sentent pas européens". ça pourrait être une bonne blague. Mais il y a des gens qui souffrent et qui tentent de résister.

samedi 1 mai 2010

la fête du jour

C'est la fête du Travail !

Un collègue me disait hier : "Si on fête le travail, on devrait travailler ce jour là". Aïe.

Et si on revenait aux fondamentaux ? Au départ, la fête du Travail était la fête internationale des travailleurs et avait pour principale revendication la réduction du temps de travail et la journée de 8h. Déjà.

Ce n'est que sous le régime de Vichy que cette journée devient la fête du Travail et de la Concorde sociale, érigeant le travail au rang de valeur (Travail, Famille, Patrie) pour mieux discréditer la politique menée par le Front Populaire (semaine de 40h, congés payés,...). Cette vision du travail comme valeur est aujourd'hui encore bien présente dans le discours politique de droite, comme l'illustre la phrase de Nicolas Sarkozy : "le travail est une libération, le chômage est une aliénation" (Arbeit macht frei, dirait-on en allemand). Dans le discours de la droite, mais pas que...

Aujourd'hui, la revendication principale de ce 1er mai 2010 porte sur les retraites. Et c'est finalement encore et toujours la question de la réduction du temps de travail qui se pose. Non plus seulement au sens de sa durée hebdomadaire, mais tout au long de la vie.