jeudi 31 décembre 2009

la boussole d'or

Attribuée à Christian Estrosi, ministre de l'industrie. Ce dernier a salué l'effort de Total "qui investit dans le stockage du carbone à Lacq, dans le nord de la France".

Quand on vous dit que ce gouvernement met la France sans dessus-dessous...

mercredi 9 décembre 2009

l'érudit du jour

Alain Juppé : "Notre projet ne fait pas l'unanimité, mais il n'y a pas de grande ville sans grand stade. On y voit des spectacles formidables pour le moral de la ville."

Panem et circenses, comme disait l'autre...

mardi 8 décembre 2009

la grand bond en avant du jour

C'est celui que vont faire les relations entre les Verts et le PS, grâce à la rencontre qui a lieu ce jour entre Cécile Duflot et, entre autres, Philippe Plisson.
Soyons convaincus que l'humour ravageur du député girondin sur certains de ses sujets de prédilection (la parité, les personnes handicapées,...) saura charmer la secrétaire nationale des Verts.

vendredi 4 décembre 2009

celui-qui-a-pas-mal-au-cul-quand-même du jour

Alain Juppé : "Dans un certain nombre de domaines, il faut continuer à croître mais il y a une décroissance à organiser au niveau de ce qui est consommation excessive, au niveau des gaspillages en eau, en électricité, en ressources naturelles".

Une patinoire à ciel ouvert durant le deuxième automne le plus chaud depuis 1900 est une belle concrétisation de ces principes.

jeudi 3 décembre 2009

la bonne copine du jour

Michèle Alliot-Marie : "Lamassoure n'a jamais su faire campagne. La seule chose qu'il fasse bien, c'est imiter Giscard."

PTDR


(Sud Ouest Pays Basque)

la proposition indécente du jour

Alain Juppé : "Je suis prêt à me glisser sous la tente de Philippe Madrelle pour parler avec lui du grand stade."

On savait que la droite en été réduite à faire la manche pour financer ses projets (LGV, plan de relance,...) mais de là à faire commerce de ses charmes...

jeudi 19 novembre 2009

l'impertinente du jour

Laurence Parisot : "Les mecs devraient être un peu moins macho et un peu moins misogynes !"

Merci, Laurence, pour cette fine analyse des causes de l'inégalité de traitement entre les femmes et les hommes en entreprise. Et si on faisait une charte de bonne conduite ?

lundi 9 novembre 2009

le ridicule du jour

Le journal "Sud Ouest" nous apprend, dans son édition du Béarn, qu'une nouvelle liste décide de partir seule aux régionales : l'Alliance Ecologiste Indépendante.
Et oui, rien de tel que de rester tout seul pour faire une belle alliance...

mardi 4 août 2009

the monkey experiment

Start with a cage containing five monkeys. Inside the cage, hang a banana on a string and place a set of stairs under it.

Before long, a monkey will go to the stairs and start to climb towards the banana. As soon as he touches the stairs, spray all of the other monkeys with cold water.

After a while, another monkey makes an attempt with the same result – all the other monkeys are sprayed with cold water. Pretty soon, when another monkey tries to climb the stairs, the other monkeys will try to prevent it.

Now, put away the cold water. Remove one monkey from the cage and replace it with a new one. The new monkey sees the banana and wants to climb the stairs. To his surprise and horror, all of the other monkeys attack him. After another attempt and attack, he knows that if he tries to climb the stairs, he will be assaulted.

Next, remove another of the original five monkeys and replace it with a new one. The newcomer goes to the stairs and is attacked. The previous newcomer takes part in the punishment with enthusiasm! Likewise, replace a third original monkey with a new one, then a fourth, then the fifth. Every time the newest monkey takes to the stairs, he is attacked.

Most of the monkeys that are beating him have no idea why they were not permitted to climb the stairs or why they are participating in the beating of the newest monkey.

After replacing all the original monkeys, none of the remaining monkeys have ever been sprayed with cold water. Nevertheless, no monkey ever again approaches the stairs to try for the banana. Why not? Because as far as they know that’s the way it’s always been done around here.

jeudi 30 juillet 2009

Tiens, c'est écrit que Bobby Watson est mort.


M. SMITH, toujours avec son journal.

Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi à la rubrique de l'état civil, dans le journal, donne-t-on toujours l'âge des personnes décédées et jamais celui des nouveau-nés? C'est un non-sens.

Mme SMITH

Je ne me le suis jamais demandé!

Un autre moment de silence. La pendule sonne sept fois. Silence. La pendule sonne trois fois. Silence. La pendule ne sonne aucune fois.

M. SMITH, toujours dans son journal.

Tiens, c'est écrit que Bobby Watson est mort.

Mme SMITH

Mon Dieu, le pauvre, quand est-ce qu'il est mort?

M. SMITH

Pourquoi prends-tu cet air étonné? Tu le savais bien. Il est mort il y a deux ans. Tu te rappelles, on a été à son enterrement, il y a un an et demi.

Mme SMITH

Bien sûr que je me rappelle. Je me suis rappelé tout de suite, mais je ne comprends pas pourquoi toi-même tu as été si étonné de voir ça sur le journal.

M. SMITH

Ça n'y était pas sur le journal ! Il y a déjà trois ans qu'on a parlé de son décès. Je m'en suis souvenu par associations d'idées!

Mme SMITH

Dommage ! II était si bien conservé.

M. SMITH

C'était le plus joli cadavre de Grande-Bretagne ! Il ne paraissait pas son âge. Pauvre Bobby, il y avait quatre ans qu'il était mort et il était encore chaud. Un véritable cadavre vivant. Et comme il était gai !

Mme SMITH

La pauvre Bobby.

M. SMITH

Tu veux dire « le » pauvre Bobby.

Mmc SMITH

Non, c'est à sa femme que je pense. Elle s'appelait comme lui, Bobby, Bobby Watson. Comme ils avaient le même nom, on ne pouvait pas les distinguer l'un de l'autre quand on les voyait ensemble. Ce n'est qu'après sa mort à lui, qu'on a pu vraiment savoir qui était l'un et qui était l'autre. Pourtant, aujourd'hui encore, il y a des gens qui la confondent avec le mort et lui présentent des condoléances. Tu la connais?

M. SMITH

Je ne l'ai vue qu'une fois, par hasard, à l'enterrement de Bobby.

Mmc SMITH

Je ne l'ai jamais vue. Est-ce qu'elle est belle?

M. SMITH

Elle a des traits réguliers et pourtant on ne peut pas dire qu'elle est belle. Elle est trop grande et trop forte. Ses traits ne sont pas réguliers et pourtant on peut dire qu'elle est très belle. Elle est un peu trop petite et trop maigre. Elle est professeur de chant.

La pendule sonne cinq fois. Un long temps.

Mme SMITH

Et quand pensent-ils se marier, tous les deux?

M. SMITH

Le printemps prochain, au plus tard.

Mme SMITH

Il faudra sans doute aller à leur mariage.

M. SMITH

Il faudra leur faire un cadeau de noces. Je me demande lequel ?

Mme SMITH

Pourquoi ne leur offririons-nous pas un des sept plateaux d'argent dont on nous a fait don à notre mariage à nous et qui ne nous ont jamais servi à rien ?

Court silence.
La pendule sonne cinq fois.

Mme SMITH

C'est triste pour elle d'être demeurée veuve si jeune.

M. SMITH

Heureusement qu'ils n'ont pas eu d'enfants.

Mme SMITH

Il ne leur manquait plus que cela ! Des enfants ! Pauvre femme, qu'est-ce qu'elle en aurait fait !

M. SMITH

Elle est encore jeune. Elle peut très bien se remarier. Le deuil lui va si bien.

Mme SMITH

Mais qui prendra soin des enfants? Tu sais bien qu'ils ont un garçon et une fille. Comment s'appellent-ils ?

M. SMITH

Bobby et Bobby comme leurs parents. L'oncle de Bobby Watson, le vieux Bobby Watson est riche et il aime le garçon. Il pourrait très bien se charger de l'éducation de Bobby.

Mme SMITH

Ce serait naturel. Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l'éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier. Elle a quelqu'un en vue ?

M. SMITH

Oui, un cousin de Bobby Watson.

Mme SMITH

Qui ? Bobby Watson ?

M. SMITH

De quel Bobby Watson parles-tu ?

Mme SMITH

De Bobby Watson, le fils du vieux Bobby Watson l'autre oncle de Bobby Watson, le mort.

M. SMITH

Non, ce n'est pas celui-là, c'est un autre. C'est Bobby Watson, le fils de la vieille Bobby Watson la tante de Bobby Watson, le mort.

Mme SMITH

Tu veux parler de Bobby Watson, le commis-voyageur ?

M. SMITH

Tous les Bobby Watson sont commis-voyageurs.

Mme SMITH

Quel dur métier ! Pourtant, on y fait de bonnes affaires.

M. SMITH

Oui, quand il n’y a pas de concurrence.

Mme SMITH

Et quand n’y a-t-il pas de concurrence ?

M. SMITH

Le mardi, le jeudi et le mardi.

mercredi 4 février 2009

"Nous y sommes" par Fred Vargas

Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal.

Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine.

Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s'est marrés.
Franchement on a bien profité.

Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution. Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

Oui.
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).

Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance. Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, - attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille - récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).

S'efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d'échappatoire, allons-y. Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.

Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie -une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.

A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Fred Vargas
Archéologue et écrivain