vendredi 31 décembre 2010

La bonne résolution du jour

C’est celle à laquelle nous invite le simplement extraordinaire Stéphane Hessel : « Indignez-vous ! »

Il me semble pourtant que la jeunesse de 2010, un peu partout dans le monde, s’est indignée et qu’elle l’a fait savoir. On peut évidemment prendre l’exemple français de la lutte contre la réforme des retraites qui n’a été, à mon avis, que l’occasion d’exprimer une indignation beaucoup plus large et, en particulier, un rejet de la xénophobie érigée en pratique gouvernementale systématique. Mais il y a aussi la jeunesse grecque qui combat depuis des années le démantèlement de l’enseignement supérieur et qui a uni sa voix cette année à tous ceux qui dénonçaient le plan d’austérité imposé injustement au peuple grec, comme une punition qui serait infligée à la victime plutôt qu’au coupable. Il y a encore la jeunesse britannique qui se fait bruyamment entendre contre la réforme inqualifiable de l’enseignement supérieur (tiens, une constante). Il y a la jeunesse biélorusse qui manifeste, malgré les rafles et les violences policières, pour demander que la démocratie ne s’arrête pas aux portes de l’Union européenne. Il y a enfin la jeunesse de Gaza qui vient de publier un manifeste qui, je l’espère, fera date.

Ils nous disent en particulier ceci : « Il y a une révolution qui bouillonne en nous, une énorme indignation qui finira par nous démolir si nous ne trouvons pas le moyen de canaliser cette immense énergie pour remettre en cause le statu quo et nous donner un peu d’espoir. »

Quel jeune de 2010, où que ce soit, peut-il observer le monde dans lequel il vit sans comprendre au plus profond de sa conscience ces paroles ?

Tout est là et, pour revenir au message de Hessel, l’indignation doit être le premier pas vers l’engagement. Les auteurs du Programme du Conseil national de la Résistance adressaient en 2004 un message à la jeunesse qui est encore parfaitement actuel et dont je fais ma bonne résolution pour 2011 et pour la décennie qui commence.

Résister c’est créer, créer c’est résister.



lundi 27 décembre 2010

La révélation du jour

C'est Alain Juppé, ministre d'Etat de son état, qui l'a faite ce matin.

Interrogé par Radio France lors de son séjour en Afghanistan, il lui a été posé une question sur la situation en Côte d'Ivoire. Notre ministre, qui se serait bien vu aux Affaires étrangères, a alors invité les français résidant en Côte d'Ivoire à regagner "la métropole".

Soit on a oublié de prévenir Alain Juppé que la Côte d'Ivoire a célébré cette année les 50 ans de son indépendance, soit on a oublié de prévenir le peuple ivoirien qu'il y a une petite méprise et qu'ils sont toujours sous domination française.


juppe le colon "occupe-toi de ta métropole seulement"
envoyé par koffia. - L'info internationale vidéo.

mercredi 22 décembre 2010

Le joyeux noël du jour

C'est celui que vivent nos camarades biélorusses.

La presse fait ses gorges chaudes du cas Laurent Gbagbo, Nicolas Sarkozy montre ses muscles à la Côte d'Ivoire (et on se demande un peu dans quel but). Mais c'est "l'Afrique", chacun est dans son rôle.

Pendant ce temps, au cœur même de l'Europe, Alexandre Loukachenko s'organise une élection sur mesure. Certes, la contestation essaye de s'organiser mais, dans la quasi indifférence, il n'y a qu'à envoyer la police faire le ménage dans les rues.

Ce qui me marque le plus des témoignages et des déclarations qui nous parviennent, c'est le vocabulaire employé par Alexandre Loukachenko au sujet des manifestants. Il parle de violences, de criminalité, d'irresponsabilité, etc. Venant d'un dictateur tout ça est finalement assez logique. Mais ce qui est édifiant, c'est qu'il s'agit exactement du même type de discours, de la même stratégie de communication qu'emploient les dirigeants de nos pays dits démocratiques dès qu'une contestation un peu bruyante et démonstrative s'exerce.

Ajouter à cela l'embarras d'admettre qu'on laisse un dictateur tranquille depuis plus de quinze ans dans un pays limitrophe de l'Union, on comprend peut être mieux le peu d'empressement qu'on a à montrer les muscles.

dimanche 19 décembre 2010

La disparition du jour

C'est celle de Jacqueline de Romilly, helléniste et académicienne, à l'age de 97 ans.



Pour moi, Jacqueline de Romilly est associée à une plaque commémorative du lycée indiquant qu'elle avait enseigné ici. Ajoutez à cela son statut d'immortelle, et vous comprendrez que quant à la vie et la mort de cette illustre personne, les frontières m'ont toujours paru assez floues.

Par contre, ce qui me touche le plus aujourd'hui c'est qu'il faudra bientôt des plaques commémoratives pour rappeler qu'à une époque on enseignait le grec et le latin, si importants selon moi pour mieux appréhender les fondements du monde occidental dans ce qu'ils ont de divers et de complexes.

A un moment où l'on commence à admettre que l'école ne permet pas de réduire les inégalités sociales, parce que les plus aisés financièrement restent les mieux dotés culturellement, ne pourrait-on pas se pencher sur les bénéfices d'un enseignement précoce des langues anciennes ? Parce que l'initiation au grec et au latin est en même temps une initiation à un raisonnement rigoureux de par la forme de leurs grammaires et, à travers les textes, une introduction à la philosophie, à l'art, aux sciences sociales, humaines et politiques qui sont autant de références nécessaires à la formation d'un citoyen en devenir.

La disparition de Jacqueline de Romilly ne fait que mettre en exergue la disparition tragique de l'enseignement des langues anciennes et de l'intérêt social de cet enseignement.

samedi 11 décembre 2010

Le crime de lèse majesté du jour

C'est celui perpétré par des manifestants londoniens sur les personnes du prince de Galles et de son épouse, la duchesse de Cornouailles.

 

Enfin, je dis leurs personnes, mais il s'agit surtout de leur Rolls Royce. En tous cas.

Les dignes représentants du monde moderne n'ont pas manqué de s'offusquer, de crier à la violence indigne et intolérable. Comme en Grèce. Comme en Italie. Comme en France.

Mais n'est-ce pas violent d'organiser la régression sociale dans un monde qui n'a jamais produit autant de richesses ? N'est-ce pas intolérable de violer de façon si systématique le droit à l'avenir des jeunes ? N'est-ce pas indigne d'attiser les peurs pour faire régner un semblant d'ordre ?


mercredi 1 décembre 2010

L'élection du jour

C'est celle d'André Simard dans la circonscription de Kamouraska-Temiscouata.


Je ne veux pas revenir ici sur les causes et le sens de cette victoire, même si cela mérite qu'on s'y attarde puisque ce n'est pas tous les jours que l'opposition gagne une circonscription lors d'une partielle. Mais les analystes politiques de la scène québécoise font ça beaucoup mieux que moi et je vous renvoie donc vers eux.

Par contre, je veux revenir sur ce qui m'a le plus marqué en observant cette élection : la soirée électorale et, en particulier, l'attitude de Pauline Marois, la chef du Parti Québécois, et des autres députés représentant le PQ dès l'annonce des résultats. Ils étaient là et faisaient la fête avec les militants. Je dirai même qu'ils faisaient la fête comme des militants.

En effet, les députés pqistes ont été visiblement mobilisés pour venir faire campagne sur le terrain. Que les militants socialistes qui lisent ceci s'imaginent en porte-à-porte dans leur circonscription avec François Hollande, Elisabeth Guigou ou Laurent Fabius. C'est un peu ce qu'ont vécu les militants de Kamouraska-Temiscouata. Avouez que ça donne envie, non ? Comment perdre dans ces conditions, quand tout l'appareil d'un parti est mobilisé ?

J'ai pourtant le sentiment que c'est une pratique qui n'est pas prête à se répandre en France. Pourquoi ? Parce que le député français est d'abord un élu local, souvent cumulard et persuadé qu'il ne doit son élection qu'à lui même, alors que le député québécois, élu localement, est d'abord un élu national membre d'un caucus (groupe parlementaire).

Jusqu'à mon séjour à Québec, je pensais qu'un mode de scrutin proportionnel, détachant l'élu de sa circonscription, favoriserait en France cette esprit et cette discipline de groupe. Je crois finalement que la solution serait d'abord la fin du cumul des mandats combinée à la volonté de la direction du parti. Dès lors que les députés devront beaucoup plus leur élection à des enjeux nationaux qu'à leur baronnie locale, d'une part, et que d'autre part le parti voudra redonner une vraie cohérence aux élus, alors on pourra sérieusement parler de stratégie électorale.

mercredi 17 novembre 2010

La pétition du jour

C'est celle lancée par un citoyen québécois pour réclamer la démission du Premier ministre, Jean Charest.

Mais, attention, il n'y a rien de farfelu là-dedans. Les choses ont été faites en bonne est due forme. Tellement bien que, en vertu de la loi québécoise, la pétition est accessible pour qui veut la signer sur le très officiel site internet de l'Assemblée nationale du Québec. Depuis le dépôt de la pétition, le site est littéralement saturé et on compte plus de 3000 signataires par heure environ.

Quel beau pays que le Québec, tout de même, où une pétition, dès lors qu'elle respecte certaines formes et est soutenue par un député, peut être publiée par les pouvoirs publics et présentée à la Chambre. Et cela quelque soit son sujet, même si elle demande la démission du chef du gouvernement.
Mais ce que je trouve le plus beau c'est que quoi qu'en pense Jean Charest, il ne lui viendrait pas à l'esprit de priver les citoyens québécois de ce droit ou, du moins, il sait que les conséquences d'une telle tentative seraient encore pires.

Chiche, on soumet l'idée à Sarkozy ?

mardi 9 novembre 2010

L'anachronisme du jour

C'est de bloquer l'accès aux réseaux sociaux et aux blogs dans les administrations et les grandes entreprises.

A première vue, on ne peut que tomber d'accord sur le fait que des salariés n'ont pas à passer leur temps de travail à nouer des liens avec des amis virtuels. Cependant...

Cependant, les grandes entreprises et les administrations développent, et souvent à grands frais, des campagnes de communication de plus en plus relayées sur les réseaux sociaux. Le principe de ces campagnes, c'est que le plus grand nombre de gens possible relaye la campagne en un temps donné. En bloquant à leurs employés l'accès des réseaux sociaux et des blogs, les commanditaires de ces campagnes se privent donc de centaines de relais potentiels. Et l'on en arrive à cette situation absurde où n'importe qui peut partager la dernière publicité à la mode, sauf l'employé de la marque vantée. Les managers du XXIe siècle voient-ils comme un risque que les employés parlent de leur boite ? C'est à croire...

De plus, quelle est cette société où règne a priori la suspicion généralisée ? Les outils existent pour contrôler l'utilisation d'internet et il sera toujours temps de pointer a posteriori les cas particuliers d'abus. La justice la plus élémentaire, dans n'importe quel domaine, commande que l'on est toujours innocent jusqu'à preuve du contraire. Mais internet doit être quelque part en dehors du droit commun.

A moins que ce ne soit qu'un élément de plus de ce discours de la course à la compétitivité avec lequel on nous lave le cerveau. C'est sûr, déjà que le français est un fainéant invétéré qui ne travaille que 35 heures, qui a plein de vacances et, scandale absolu, la sécurité de l'emploi, on ne va pas en plus le laisser aller sur facebook, ce serait la ruine du pays assurée.

Les patrons alliés au gouvernement (ou l'inverse) qui glissent ces mots dans la bouche de nos médias de masse oublient simplement que les français sont déjà les champions de la productivité horaire et que nos problèmes viennent plus de notre formidable taux de chômage et de la paupérisation des travailleurs. Mais il vaut mieux crier haro sur le baudet.

Enfin, même si l'on ne tenait aucun compte de ces arguments, si l'on prenait pour acquis que les employés de bureau, et a fortiori les fonctionnaires, sont d'inutiles bons à rien, pourquoi se focaliser sur une seule des manifestations de cet état de fait ? Que fait-on des autres moyens de ne rien glander au bureau ? Va-t-on interdire la pause clope, la machine à café, le journal, le téléphone, l'ordinateur... ?

En un mot, le manager du XXIe siècle nous dit ceci :"si vous voulez vous distraire au travail, faites-le à l'ancienne, comme au XXe siècle !"

dimanche 24 octobre 2010

Le député du jour

C’est le député d’Ungava.

La circonscription d’Ungava, c’est tout le Nord-du-Québec. Wikipedia nous informe qu’elle mesure 839000 km² (la France fait 547000 km²) pour 40000 habitants, ce qui donne une densité dérisoire.


Des descriptions plus poussées existent un peu partout sur Internet, ainsi que des explications sur les populations autochtones, leurs relations avec le Québec et le Canada, et tout ce qui permet de comprendre ce territoire si particulier.

La question que je me posait, et que j’ai posée au député d’Ungava, Luc Ferland, c’est celle de la manière dont on fait campagne dans une telle circonscription et dont on la représente. Visiblement, c’est à la fois simple et compliqué.

D’abord, il faut avoir à l’esprit que le bassin principal de population est au sud de la région, en Jamésie. Même si ça représente déjà des distances énormes sur des routes parfois approximatives, la population québécoise non autochtone est concentrée là. Les populations autochtones, Cris et Inuits, qui peuplent le reste de la région, ne participent habituellement que très peu aux élections, du fait qu’ils ont leurs propres instances représentatives. Le rôle du député est alors d’assurer un lien permanent avec ces instances et d’être vigilant quant à leurs relations avec le gouvernement.

Mais, au vu d’une discussion de cinq minutes au détour d’un couloir qui s’est transformée à ma plus grande joie en une conférence d’une demie heure devant une carte, je crois pouvoir dire que la passion pour ce territoire, la capacité d’y voir l’avenir du Québec, l’envie de le développer dans le respect d’un environnement exceptionnel et en se basant sur le savoir-faire et l’expertise des populations locales, sont déterminants.

jeudi 21 octobre 2010

Le libéralisme du jour

C’est le libéralisme que j’observe au Québec. Et que j’apprécie, je dois l’avouer.

D’abord, je tiens à préciser que je ne parle pas que du Parti libéral du Québec. A mon sens, le Parti Québécois porte également une idéologie libérale. Plus sociale-démocrate, certes, mais néanmoins libérale.

Alors, pourquoi j’apprécie ce libéralisme ? Avant tout parce qu’il est cohérent. Parce que s’il est économique, il est aussi social et politique et qu’il ne hiérarchise pas ces aspects entre eux.

C’est un libéralisme économique, bien sûr, mais au sens le plus complet. Le libre-échange et l’économie de marché s’accompagnent d’une véritable protection des consommateurs et d’une garantie de la concurrence et de la transparence. Même si quelques affaires récentes doivent alerter sur un besoin accru de vigilance.

C’est un libéralisme politique, parce que si les débats sont virulents, ils n’empêchent jamais l’entente et le respect. On sent une unanimité certaine à défendre le pluralisme et la liberté d’expression. Et on sent aussi une certaine vigilance dans ce domaine où, en quelque sorte, rien n’est jamais considéré comme définitif.

C’est donc aussi un libéralisme social parce qu’il semble évident au Québec de garantir les libertés individuelles. Et cela de manière très effective. L’exigence de sécurité, par exemple, ne saurait justifier un recul de ces libertés. Et cela implique aussi une égalité des droits qui a conduit, par exemple, à l’ouverture du mariage et de l’adoption à tous les couples.

C’est un vrai défi, pour un socialiste, d’être confronté à un libéralisme ouvert, cohérent et, malgré tout, plutôt protecteur. Parce qu’il faut démontrer qu’on peut faire mieux en faisant différemment et ça exige parfois une remise en cause. Mais qu’on ne se méprenne pas, je reste résolument socialiste. Je sors même de cette expérience encore plus déterminé.

Déterminé surtout à montrer que la droite française n’est pas libérale. Elle utilise le libéralisme économique comme un alibi pour faire reculer les droits sociaux, mais elle favorise le règne des cartels, elle démantèle tous les services publics de protection des consommateurs et de répression des fraudes. Elle utilise un héritage républicain comme étendard alors qu’elle détricote de manière systématique tous les contre-pouvoirs, qu’il s’agissent de la séparation des pouvoirs, de la décentralisation, de la liberté syndicale, de l’indépendance de la presse, etc. Enfin, elle n’a besoin d’aucune justification particulière pour porter un discours conservateur, voire réactionnaire, quant à sa vision de la société, de la famille, de l’éducation…

S’il y a des libéraux de bonne foi en France, il doivent reconnaître qu’il ne peuvent pas soutenir la politique du gouvernement actuel.

mercredi 20 octobre 2010

Les frontières du jour

Ce sont les frontières du Québec, qui a décidément une place très particulière dans le Canada.

D’abord, le Québec n’a jamais ratifié la constitution du Canada, rapatriée de Londres en 1982. Ce n’est quand même pas rien. Et toutes les tentatives d’entente ont échoué depuis.

Mais, ce qui est peut être encore moins connu et pourtant tout aussi spectaculaire, le Québec ne reconnaît pas non plus ses frontières géographiques, en particulier quant au Labrador.

Pour mieux comprendre, il faut toujours avoir à l’esprit que l’histoire du Québec, et du Canada dans son ensemble, est celle de colonies britanniques. Ainsi, les différents découpages et redécoupages du territoire ne sont pas le résultat d’accords entre les provinces, mais des décisions de Londres. Depuis 1763 et le transfert des possessions françaises du Canada à l’empire britannique, le découpage et la situation administrative du Labrador a changé à plusieurs reprises.

En 1927, Terre Neuve est une province britannique à part entière et ne fait pas partie du Canada. Le conseil privé de Londres fixe les frontières du Labrador telles qu’on les connaît et attribue ce territoire à Terre Neuve. Le gouvernement du Québec refuse de reconnaître ce jugement.

En 1949, Terre Neuve rejoint la confédération canadienne et négocie avec Ottawa que les frontières de 1927 fassent partie intégrante de la constitution. Au détriment du Québec, donc.

Enfin, en 2001, le nom officiel de Terre Neuve est reconnu par Ottawa comme Newfoundland and Labrador. A cette occasion, le gouvernement du Québec réaffirme qu’il ne change en rien sa position sur le litige concernant la frontière.

Tout ça peut avoir l’air de petites chicanes anecdotiques. Et c’est vrai que ces affrontements sont, heureusement, purement administratifs. Mais il me semble important d’avoir ces éléments à l’esprit parce qu’ils ont une incidence concrète sur les enjeux actuels, en particulier industriels et environnementaux, si l’on prend l’exemple de l’exploitation des gisements pétroliers du golfe du Saint-Laurent.

carte du Québec, publiée en 1985, intégrant le Labrador sans même y faire référence

mercredi 13 octobre 2010

Le jeune du jour

est un irresponsable.

Franchement, qu'est-ce qui lui prend d'aller se mêler de politique ? Ou pire, de contestation sociale !

Comme dirait l'autre : "passe ton bac d'abord !"

Histoire de bien lui faire comprendre qu'il n'est pas apte à décider de son avenir lui même, en tous cas pas tant qu'on ne lui aura pas bourré le crâne correctement. Quand il aura admis que de se regrouper pour changer les choses n'est qu'une bêtise de gosse et qu'être responsable c'est avant tout s'occuper de son petit confort personnel, il sera une grande personne responsable.

Eh bien, tout ça donne envie de faire le mur.

Les questions du jour

Ce sont les questions au gouvernement.

Autant en France qu'au Québec, c'est un moment fort de la vie parlementaire. Entendons-nous, nous sommes au 21e siècle. Si c'est un moment fort, ce n'est pas parce qu'on y fait avancer le débat législatif sur des mesures importantes pour le quotidien des citoyens, mais parce que c'est médiatisé.

Je promet même un bel avenir aux questions au gouvernement. La forme est parfaite pour la télévision : les interventions sont très brèves, les orateurs rivalisent en formules chocs, petites phrases, voire en amalgames grossiers et injures. Et même ceux qui ne parlent pas font le spectacle. Signe ultime : la période des questions est abondamment livetwitée (ce mot devrait apparaître dans le Larousse 2012) et le hashtag #QAG a même été le plus utilisé aujourd'hui en France.

Si les parlementaires québécois ne rivalisent pas encore avec les français, je pense néanmoins qu'ils ont un potentiel encore plus important et que les règles qui régissent leurs travaux y sont pour beaucoup.

D'abord, la période dure exactement quarante-cinq minutes, et il n'y a pas d'arrêt de jeu. C'est à dire que s'il y a du bruit, le président de l'Assemblée se lève, l'orateur se tait et on attend que le calme revienne. C'est autant de questions qui ne seront pas posées. Le calme revient donc rapidement, et ça tranche avec le vacarme qui règne constamment en France et qui fait que les orateurs hurlent dans leur micro. Le spectateur aime l'action, mais il apprécie aussi de ne pas avoir le tympan agressé.

L'autre spécificité québécoise, c'est que seule l'opposition pose des questions. Ainsi, pas de question "sucette" qui n'ont rien d'une question et qui ne servent qu'à brosser un ministre dans le sens du poil. Hop, on évite la demie heure de langue de bois qui nous est imposée en France.

Enfin, lorsqu'un député québécois estime que le ministre n'a pas entièrement répondu à sa question, il peut poser une ou deux questions complémentaires. On imagine toute la stratégie que cela autorise dans l'ordre des questions, les pièges tendus ou les révélations fracassantes. Le spectateur, tenu en haleine, est comblé.

Attention, je ne suis pas ici en train de dénigrer la période des questions au gouvernement. Je cherche d'abord à comparer les systèmes français et québécois. Je pense d'ailleur que les QAG sont un formidable moment de démocratie, le moment où l'exécutif doit rendre des comptes devant la représentation nationale. Il faut simplement trouver le bon équilibre entre ce qui va permettre d'attirer le spectateur et ce qui va éclairer le citoyen. De ce point de vue, aucun des systèmes n'est parfait. Mais, même si l'on ne peut pas juxtaposer des régimes aux bases si différentes, je pense qu'ils peuvent peut-être s'enrichir l'un l'autre de ce qu'ils ont de meilleur.

mardi 12 octobre 2010

La parole d'or du jour

C'est celle de Bertrand Delanoë.

"Eh bien, cette unité que le sommet de l’Etat s’ingénie à briser est en train de se reconstituer dans la rue… Salariés du privé et du public, jeunes et moins jeunes, Parisiens et Provinciaux, de toutes origines, de toutes convictions : tous se rassemblent, animés de la même indignation et de la même espérance. La société se cloisonne quand elle subit. Dans l’action, elle retrouve son unité."

C'est le genre de mots qui redonne des reins et du coeur.
On peu lire le texte intégral sur son blog.

jeudi 7 octobre 2010

Le ministère du jour

C'est le ministère de l'occupation du territoire.

Je pensais au départ que c'était une autre façon de parler d'aménagement du territoire. Et bien, je ne pensais pas si bien dire. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que sur un territoire trois fois grand comme la France, les Québécois sont moins de huit millions. Autant dire qu'il n'est pas nécessaire d'aller dans le grand nord pour trouver des terres vierges. Même dans le sud, on peut trouver d'immenses forêts dans lesquelles ne s'aventurent que quelques chasseurs à l'occasion.

La problématique, avant même l'aménagement, est donc bien l'occupation du territoire. Et cet immense potentiel laisse rêveur.

vendredi 1 octobre 2010

Le syllogisme du jour

Comme l'explique très bien Louise Beaudoin, défendre le français dans le monde, c'est défendre la diversité linguistique en général.

Or, défendre la diversité linguistique c'est, en particulier, défendre ce que l'on appelle en France, avec toujours un peu de mépris, les langues régionales.

On peut donc affirmer que la défense et la promotion du fait francophone implique naturellement la défense et la promotion des langues dites régionales en France. Et inversement.

C'est à première vue un paradoxe, mais plus je comprend l'approche qu'ont les québécois avec les langues, plus je suis convaincu que la diversité est la vraie richesse. Au XXIe siècle, plus personne ne peut envisager sérieusement de ne parler qu'une seule langue, et la complémentarité oblige la coopération et la solidarité.

jeudi 30 septembre 2010

La loi du jour

C'est la loi 103.

Il faut d’abord savoir que le Québec donne à ses projets de loi des numéros. Par exemple, la loi faisant du français la langue officielle du Québec s’appelle la loi 101. Ce n’est pas un système plus bête qu’un autre, mais je n’ai toujours pas bien compris en vertu de quoi une loi portait tel ou tel numéro.

La loi 103 a vocation à préciser, entre autres, les conditions d’accès aux écoles anglophones. C’est actuellement un des débats les plus brûlants au sein de l’Assemblée Nationale. Mon but ici n’est absolument pas de prendre position pour ou contre cette loi, mais plutôt de partager mon bonheur total d’assister de près à ces débats. La question linguistique, et plus largement celle de l’identité et de l’appartenance, sont continuellement au cœur du débat public québécois. Et grâce à l’étude de la loi 103, qui soulève de fortes passions, c’est encore plus vrai en ce moment.

Le contraste avec les débats trop vagues, organisés à la sauvette et avec beaucoup d’amateurisme en France est saisissant. Moi qui venait justement ici avec l’envie de prendre du recul sur ces débats, d’avoir un aperçu de ce que peut être un débat passionné, certes, mais sérieux, je suis amplement servi. Et je suis d’ores et déjà certain que mes positions sur les questions de langues, en particulier les langues régionales, sur les questions d’appartenance à une communauté ou encore la question de la francophonie dans le monde seront profondément marquées par mes observations et mes rencontres ici.

mardi 21 septembre 2010

La (presque) remise en cause du jour

Une petite phrase, presque l’air d’un reproche, me trouble assez pour me faire remettre en question une position que je pensais pourtant bien solide : mon fédéralisme européen.

En effet, j’ai l’impression que certains militants souverainistes au Québec entendent notre fédéralisme comme identique à celui des fédéralistes ici. Ils semblent nous dire : «Pourquoi allez-vous vous enferrer dans cette galère dont nous voulons nous extraire ?». Et il est vrai que la question mérite d’être posée.

Dans l’hypothèse d’une fédération européenne, quelle sera la marge de manœuvre des gouvernements des états ? Les états les plus progressistes pourront-ils avoir les coudées franches ? Quelle serait notre réaction, par exemple sur l’avortement, si l’Union arbitrait démocratiquement en faveur des pays qui l’interdisent ?

Mais plus je passe de temps dans ce pays, plus je discute avec les gens et plus je m’intéresse à son histoire, plus je comprends qu’on ne peut pas faire de parallélisme entre le Canada et l’Europe. Pour une raison principale : vingt-sept états composent l’Union européenne, et au mois autant de peuples, sinon plus. En aucun cas, dans un régime démocratique, un seul peuple ne pourra imposer ses vues aux autres. La décision se fait, et se fera d’autant plus dans une fédération, sur des critères politiques. Pour reprendre mon exemple, je vivrai très mal une prohibition de l’avortement mais d’autres français pourraient la vivre bien. En tout état de cause, cette question est politique et non nationale. Et le rapport de force est susceptible de changer.

Par contre, outre les amérindiens, il y a deux peuples au Canada. Je ne saurais pour l’instant dire s’il est pertinent ou non de faire l’indépendance, mais il est certain que, dans un système où la prise de décision se fait à la majorité, les canadiens français ont toujours subi, et subiront encore, les décisions prises par les canadiens anglais. Certes, la spécificité des canadiens français est de plus en plus reconnue par le Canada, mais on ne peut pas faire abstraction de plusieurs siècles d’histoire où, objectivement, il a plus souvent été question d’assimilation des canadiens français (comprendre disparition de leur culture) que de respect. Cette question garde donc principalement un caractère émotionnel.

Pour conclure provisoirement, je suis un peu rassuré : même si je venais à admettre que la souveraineté du Québec est souhaitable, ça n’aurait pas d’incidence sur mon avis en faveur du fédéralisme européen. Par contre, et c’est exactement pour ça que je suis ici, je suis de plus en plus conscient des garanties qu’il faut établir avant de se lancer de manière irréversible dans cette voie.

mercredi 4 août 2010

la course du jour

C’est celle remportée par le duo Mekhissi–Tahri à Barcelone, et qui me permet de revenir sur la distinction fondamentale qui existe entre la compétition et l’émulation.

Les deux athlètes français faisaient face à une alternative. Soit ils courraient chacun pour soi en essayant de faire mieux que les autres, soit ils décidaient de construire leur course ensemble pour faire le mieux possible en établissant un chrono de niveau mondial. Il me semble qu’ils ont fait le bon choix.


Il existe en effet deux manières de progresser. On peut progresser de manière relative, par rapport aux autres. Cela implique d’abord l’existence de deux parties distinctes de la population qui ne progressent pas au même rythme. Cela implique aussi qu’il n’est pas nécessaire de progresser beaucoup du moment que les autres progressent encore moins. On peut même en arriver à s’accommoder d’une situation où l’on ne progresse pas du tout parce qu’on observe les autres subir une régression. On peut aussi envisager de freiner sciemment la progression des autres pour avoir l’impression de progresser plus vite. Dans tous les cas, on peut se demander où est véritablement le progrès. C’est, pour moi, la simple définition de la compétition : l’important est d’être au-dessus de l’autre.

On peut aussi progresser de manière absolue, non pas en faisant mieux que les autres mais en faisant le mieux possible. Dans ce cas, la progression des autres n’est pas un obstacle, mais plutôt une opportunité de prendre exemple, ou un défi à soi-même de faire encore mieux alors qu’on pensait être au maximum de ses possibilités. Voilà ce qu’est, pour moi, l’émulation : tirer des progrès des autres la motivation pour faire toujours mieux.
On le voit, l’approche n’est pas du tout la même.

Je pense néanmoins que ce qui fait qu’on penche plutôt pour l’une ou l’autre logique, c’est avant tout le but que l’on se fixe.

Dans le système capitaliste qui régie actuellement les relations entre les humains, l’indicateur de progrès est la production, l’accumulation et la concentration des richesses. Or ces richesses, sauf à croire au mythe de la croissance infinie, sont naturellement limitées. L’enjeu est donc bien la manière dont seront réparties les parts du gâteau et la lutte pour avoir la part la plus grosse par rapport aux autres. En tous cas, plus on accumule, plus on prive les autres. Que ce soit au niveau des états, des entreprises, des individus, la compétition fait rage. Jaurès lui-même avait ce mot : «le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage».

Les socialistes ne peuvent donc pas cautionner ce système, d’aucune manière et quels que soient les aménagements qu’on y apporte. Ils doivent au contraire travailler à définir de nouveaux indicateurs de progrès sur la base de richesses illimitées telles que le niveau d’émancipation, le bien-être, ou que sais-je encore. En tous cas, le genre de richesses qui ont une propriété magique : plus on les partage et plus on en a soi-même. On verra alors que les rapports humains s’en trouveront nécessairement modifiés puisque écraser l’autre rapportera moins que de le pousser à progresser aussi. On verra alors la coopération prendre le pas sur l’exploitation, et l’émulation sur la compétition.

mercredi 28 juillet 2010

l'abolition du jour

C’est celle de la pratique de la corrida en Catalogne.

Je tiens d’abord à préciser que si j’apprécie la corrida, je ne suis pas fermé a priori aux arguments en sa défaveur. Je peux aussi comprendre que ce spectacle, si l’on n’y est pas préparé, puisse choquer. Et je trouve enfin, et surtout, tout à fait normal qu’on puisse tout simplement ne pas aimer la corrida.

Pourtant, dans ce débat qui a eu lieu en Catalogne et que l’on connaît aussi bien dans le sud de la France, quelque chose me gène. Les arguments ne sont que de l’ordre émotionnel. Il n’y a à aucun moment un débat posé, rigoureux et raisonnable, sans préjugés.


D’une part du coté des pro-corridas, l’argument consistant à dire qu’il en a toujours été ainsi et qu’il ne faut donc rien changer n’est pas recevable. Le conservatisme n’est pas un argument en soi. Il faut donc aller chercher plus loin et retrouver, sinon l’origine de la corrida, du moins le rôle social qu’elle joue dans notre société, s’interroger sur son sens profond et sa portée symbolique. De plus, il faut certainement revoir certaines pratiques. Ce travail est loin d’être fait, ou reste très confidentiel.


D’autre part, du coté des anti-corridas, l’argument principal est celui de la maltraitance, de l’indignité, voire de la barbarie, du spectacle taurin. Certes, il est facile de faire pleurer dans les chaumières en montrant des images de corridas ratées (car il en existe, et certainement trop) mais si l’on se place sur le plan de la raison, on peut apporter plusieurs éléments qui rendent tout à fait relatives les quelques minutes que le taureau passe dans l’arène.


D’abord, je veux évacuer tous les arguments anthropomorphiques, que je considère comme irrecevables. Ils sont très puissants pour toucher les cœurs des gens, surtout dans nos pays et à notre époque, et tous les publicitaires ont bien compris cela. Mais non, définitivement, un animal n’a pas la même conscience qu’un humain, ni les mêmes sentiments.

Ensuite, n’oublions pas que de la même manière que des vaches sont élevées pour leur lait, des montons pour leur laine, des porcs et des bœufs pour leur viande, les taureaux de corrida sont sélectionnés et élevés dans cet unique but. Les militants végétaliens placent toutes ses formes d’exploitation de l’animal par l’homme sur le même plan et, d’une certaine manière, on ne peut pas leur donner tort. Soit on accepte en bloc la logique de l’élevage, soit on la rejette. Que je sache, les anti-corridas ne s’opposent pas à l’élevage en soi.

On peut aussi préciser ces conditions d’élevage. Le taureau de corrida est certainement un des animaux d’élevage qui connaît les meilleures conditions. Il passe l’immense majorité de sa vie en liberté, dans d’immenses étendues, ne croisant que rarement la moindre vie humaine. Les poules en batterie, les canards et les oies qu’on gave, les bœufs et les porcs surnutris vivant les uns sur les autres ou encore les vaches dont on garde artificiellement les pis gorgés de lait paraissent, si l’on y réfléchit bien, largement moins bien traités.

On me dira que la vie est une chose mais que c’est la mort du taureau, la corrida en elle-même, qui est choquante. Je répondrai que les conditions de vie ne sont tout de même pas rien.

Mais je répondrai aussi que l’on peut comparer également les conditions de mort. Quoi de plus indigne que les conditions dans lesquelles sont abattus les animaux dans les abattoirs ? D’abord par leur logique même, celle de la systématisation et de la rentabilité. L’animal vivant qui entre à l’abattoir est déjà une marchandise. Et si encore nos abattoirs occidentaux peuvent parfois s’enorgueillir de conditions acceptables, il faut bien se rendre compte que c’est une part infime des abattoirs dans ce monde. Alors oui, sans hésiter, je trouve que la mort du taureau de combat debout dans l’arène est bien plus digne.

La véritable différence, c’est que la mort dans l’abattoir ne se voit pas, alors que la mort dans l’arène est effectivement un spectacle. Faire de la mort un spectacle, voilà ce qui choque en vérité, voilà ce qui heurte la bonne morale. J’allais dire la bonne morale chrétienne, parce que je ne veux pas oublier que la tauromachie remonte à un âge où l’Europe n’était pas christianisée.

Voilà peut être, au fond, le véritable rôle social de la corrida : une catharsis face à la mort. La corrida rappelle, peut être un peu trop pour certains, que la mort est consubstantielle de la vie, que tout être vivant doit mourir et que cela est normal. La corrida fait peut être la preuve, d’une certaine façon, que la vie n’a pas de sens en elle-même et que tout ce que nous pouvons faire c’est de la rendre la plus belle et la plus intense possible, comme l’est, quand elle est bien faite, cette danse entre l’homme et l’animal.

mardi 27 juillet 2010

triste topique

Pour ceux qui trouvent que les mots ont un sens, les journalistes sont une source inépuisable d'émerveillement.

Suite à l'assassinat d'un humanitaire par un groupe terroriste en Afrique de l'ouest, une journaliste de France Culture a détaillé de manière intéressante la position compliquée de la diplomatie française vis à vis des terroristes dans cette région : "le gouvernement va donc tenter un coup de poker à trois bandes".

Quant à moi, je tenterai le bluff lors de ma prochaine partie de billard...

lundi 21 juin 2010

l'insulte du jour

C’est évidemment celle proférée par Nicolas Anelka.

Je m’excuse d’abord de revenir dessus, mais je ne résiste pas au plaisir d’analyser cette superbe phrase : « Va te faire enculer, sale fils de pute ».

Replaçons-nous dans le contexte. L’équipe de France de football est à la mi-temps d’un match catastrophique face à une équipe qui ne la jamais battue avant. On peut donc imaginer qu’à ce moment précis, dans les vestiaires, la pression, la tension, l’enjeu immédiat sont tels que chacun parle avec ses tripes. Or voilà l’insulte la plus infamante que l’un d’eux (peut importe lequel d’ailleurs) a pu trouver.

Elle est en deux parties, cette insulte. Deux aspects très révélateurs de notre société, à mon avis.

D’abord une injonction : « va te faire enculer ».
La sodomie serait donc ce qu’il y aurait de plus dégradant, de plus avilissant qu’on puisse imaginer. Si dans un accès de colère on en vient à vouloir ce qu’il y a de pire pour quelqu’un, on l’imagine instinctivement en train de se « faire enculer ». Le fait que cette pratique sexuelle puisse être source de plaisir, qu’elle ne soit pas nécessairement liée à un rapport de domination est a fortiori loin d’être une évidence.

Un qualificatif ensuite : « sale fils de pute ».
Qu’est-ce qu’une « pute », d’abord ? Je ne pense pas qu’ici on doive s’en tenir à la définition stricte de la professionnelle du sexe. Il faut y voir au-delà le vieux clivage qui distingue dans l’esprit masculin la mère vierge et immaculée d’une part, et la putain qui se vautre dans la fornication et, pire que tout, y prend du plaisir. Ce dont tout homme aime se vanter, par ailleurs. Ainsi, pire que celui qui est né d’un animal (ce genre d’injure existe pourtant), celui qui est né d’une femme qui aspire, somme toute, simplement à la même chose qu’un homme est le résultat de l’ignominie la plus parfaite.

Mon but ici n’est pas d’accuser personnellement Nicolas Anelka d’homophobie et de sexisme parce que ce qu’il y a de plus terrible c’est qu’il a surement proféré cette injure sans y réfléchir, sous le coup de la colère la plus immédiate, dans un contexte où on ne peut pas prendre du recul sur ce que l’on dit. Ce qu’il y a de plus terrible, c’est que c’est la société dans laquelle il vit, dans laquelle nous vivons, qui a glissé ses paroles dans sa bouche. Le plus terrible, c’est que si la condamnation du geste est unanime, personne ne mesure l’effet désastreux de ces propos, qui sont quotidiens, que des millions d’hommes utilisent tous les jours, sur ceux qui les reçoivent en pleine face. Ce qu’il y a de plus terrible, au-delà de l’anecdote de vestiaire, c'est que notre société est profondément homophobe et sexiste.

mardi 1 juin 2010

la journée mondiale du jour

C’est la journée internationale du lait.

Cette journée a été lancée en 2001 par la FAO (Food and Agriculture Organisation), une agence de l’ONU. L’idée est de sensibiliser l’opinion et les gouvernements à l’importance du lait et des produits laitiers dans la nutrition et l’économie.

Si l’occasion est belle pour les lobbies industriels, type Nestlé, de promouvoir leurs produits, l’objectif de la FAO est plutôt de faire valoir tous les bienfaits nutritionnels des produits laitiers (et on ne parle pas uniquement du lait de vache, mais aussi de chèvre, de brebis ou encore de chamelle), ainsi que le bénéfice économique que représentent le pastoralisme et une production laitière de qualité, notamment dans les zones difficiles à cultiver.

Deux problèmes majeurs se posent concernant la filière laitière.
D’abord au Nord. Le lait de vache représente l’essentiel de la production laitière des pays développés, et la surproduction est patente. Alors que les coûts de productions ne cessent de croître (normes d’hygiène, certifications, soins du cheptel,…) le prix auquel le lait est acheté au producteur est en baisse constante (-13,7% entre 2001 et 2006 en France). Les producteurs connaissent donc les pires difficultés et ne survivent que grâce aux subventions des états et de l’Union européenne. Dans le même temps, le consommateur continue de payer le lait de plus en plus cher. Au vu de cette injustice flagrante, les événements des mois passés (grèves des producteurs de lait, épandages massifs, distributions gratuites) n’ont donc rien d’étonnant.

D’autre part au Sud, et principalement en Afrique. Là, c’est le manque qui est patent. A l’instar de toute la production agricole, les producteurs de lait ont un rendement ridiculement faible, puisqu'il manque dans la plupart des cas les infrastructures et les soins vétérinaires de base, et sont concurrencés par les produits industriels importés, en particulier le lait en poudre. De ce coté aussi, l’injustice est flagrante : l’ouverture forcée des marchés du Sud combinée aux subventions pratiquées au Nord rendent impossible tout développement d’une filière laitière structurée et de qualité dans des pays où, pourtant, les besoins sont énormes.

Pour résumer, alors qu’il y a surproduction au Nord, il y a dans le même temps des manques chroniques et désastreux au sud et, dans tous les cas, les producteurs comme les consommateurs sont perdants. La crise permanente. Alors à qui profite ce système ? Aux multinationales de l’agroalimentaire et aux gros distributeurs qui, eux, sont gagnants sur les deux tableaux : ils revendent une production achetée à un tarif dérisoire là où ils ont organisé la pénurie.

Que faire ? Probablement remettre en cause le capitalisme. C’est bien joli, mais concrètement ? Concrètement, je vois bien une solution : la coopérative.

Plus j’y pense, plus je trouve que cette solution est la plus simple à mettre en place et la seule apte à remettre maintenant et durablement en cause le système capitaliste et l’hégémonie des multinationales. C’est celle des systèmes locaux de relation directe entre le producteur et le consommateur. En gros, une AMAP adaptée à la filière laitière. L’intérêt de cette solution est qu’elle peut s’appliquer antant au Nord qu’au Sud, avec des modalités différentes selon ce qui conviendra le mieux aux consommateurs et aux producteurs. Ainsi chacun invente sa solution, en quelque sorte, et s’extrait de la position passive et soumise aux grands groupes qui est la sienne dans le système actuel pour retrouver sa fonction de citoyen acteur des échanges économiques. De plus, la production ne s’adapte plus aux cahiers des charges des industriels, mais aux besoins nutritionnels et aux conditions de vie des consommateurs. Autrement dit, on arrête de vendre du lait en poudre dans des pays où il n’y a pas d’accès à l’eau potable.
Cette solution a cependant un obstacle majeur : le lait a besoin d’être conditionné pour être conservé dans de bonnes conditions et transformé en produits laitiers dérivés. Cela réclame des infrastructures dont la distribution directe de légumes, par exemple, n’a pas besoin.
On peut imaginer un appui des pouvoirs publics locaux. On peut aussi penser à renforcer la coopération et la mutualisation des initiatives au Nord et au Sud pour faire jouer la solidarité internationale.

En tous cas, la filière laitière par toutes ses facettes et les enjeux majeurs qu’elle porte est un sujet passionnant et la preuve que tout reste encore à inventer.

jeudi 20 mai 2010

la coincidence du jour

C'est celle qui ne peut pas en être une.

Je crois aux coincidences et je refuse de croire d'emblée que parce que deux événements se suivent, le premier est la cause du second. Si je claque des doigts le matin et qu'il pleut l'après midi, il semble tout à fait saugrenu qu'un lien de causalité puisse exister.

Hier, à Bangkok, dans la matinée, les forces de l'ordre ont lancé un assaut brutal contre les chemises rouges. Un peu plus tard après midi, à Bangkok, plusieurs bâtiments ont pris feu comme la bourse, des banques, des centres commerciaux ou une chaine de télévision privée. Coincidence ?

On a aussi le droit des penser que lorsque la démocratie est attaquée le matin et qu'en retour le peuple s'attaque aux symboles du capitalisme l'après midi, il y a une certaine logique.

mardi 18 mai 2010

la médaille de l'hypocrisie du jour (2)

... est à nouveau l'apanage d'Alain Juppé, qui remporte donc la médaille de l'hypocrisie de la saison et qui se place du même coup en très bonne position pour la médaille de l'hypocrisie de l'année.

Le maire de Bordeaux vient de publier un communiqué dans lequel il appelle les bordelais au rassemblement sur le parvis des Droits de l'Homme pour dénoncer "les comportements irresponsables et les propos haineux". Les mêmes causes produisant les mêmes effets (cf la médaille de l'hypocrisie du jour), le jury n'a pas les mots pour féliciter Alain Juppé de surpasser ainsi tout concurrent éventuel dans l'art de l'indignation feinte et du retroussage de manche de bon aloi.

Un détail : le rassemblement sera silencieux. Comprenez : il ne faudrait pas que quelqu'un rappelle tout fort les causes pour lesquelles nous en sommes là.

lundi 17 mai 2010

le chiffre du jour

C'est 13.

Un jeune homosexuel a aujourd'hui, en France, 13 fois plus de risque de commettre un suicide qu'un jeune hétérosexuel. Et quand on sait que le suicide est l'une des principale cause de décès chez les jeunes, on comprend l'ampleur de ce chiffre. Pour donner un élément de comparaison, un prisonnier a 7 fois plus de risque de se suicider qu'une personne en liberté. Et aujourd'hui, ce chiffre 7 fait du suicide en prison un sujet de société. Qu'en est-il du chiffre 13 ? Superstition peut être, mais on en parle peu.

La faute à qui ? Certainement à personne en particulier, mais à tout le monde en général.

Si une chose est certaine, c'est qu'on ne choisit pas son orientation sexuelle. Il faut l'accepter, vivre avec et s'épanouir. Mais peut-on s'épanouir quand on découvre son homosexualité dans une société où notre pire ennemi est "un sale pédé" ? Peut-on s'épanouir dans une école où celui qui échoue est une "tafiole" ? Peut-on s'épanouir dans une famille où le voisin qu'on n'aime pas est "un gros enculé" ? Je crois que la réponse est en grande partie dans ce 13.

dimanche 16 mai 2010

le perpetuel scandale du jour

C'est celui des positions de l'église catholique partout dans le monde.

Hier, le cardinal Ouellet, primat de l'église catholique du Canada, est venu apporter son soutien officiel aux mouvements anti-avortement. Dans son discours, il a insisté pour que même dans les cas de viol on ne puisse pas avoir recours à l'avortement, reprenant les arguments de ceux que nous appelons en France les traditionalistes.

Après le discours tenu par la pape Ratzinger à Fatima, au Portugal, la semaine dernière, il semble donc que la consigne soit passée de faire de l'avortement la cible principale des états-majors catholiques partout dans le monde. Ouellet a d'ailleurs saluer la décision du premier ministre canadien, Stephen Harper, de supprimer les aides aux programmes pour la santé des femmes dans les pays en développement.

Deuxième cible des catholiques canadiens, toujours en échos aux propos du pape : les homosexuels. En effet, à ce même rassemblement participait un "spécialiste" de l'homosexualité qui a essentiellement parlé de... pédophilie. Comme quoi, on est rarement surpris. Pour la blague, si je puis dire, la démonstration avait pour but de dénoncer les "athées sans foi ni loi", puisqu'on n'est jamais à un amalgame près, allant même jusqu'à soutenir que "avec des amis de Jésus, nous n'aurions pas ce problème". On demandera leur avis aux enfants de cœur.

Face à cette internationale des pères-la-morale, il serait grand temps de réveiller l'Internationale, la vraie, celle du progrès social et des droits universels de l'homme et de la femme.

lundi 10 mai 2010

la commémoration du jour

C'est celle de la Déclaration de Philadelphie concernant les buts et objectifs de l'Organisation internationale du Travail, adoptée le 10 mai 1944.

J'en cite simplement un extrait :
"[...] la conférence affirme que :
a) tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales ;
b) la réalisation des conditions permettant d'aboutir à ce résultat doit constituer le but central de toute politique nationale ou internationale ;
c) tous les programmes d'action et mesures prises sur le plan national et international, notamment dans le domaine économique et financier, doivent être appréciés de ce point de vue et acceptés seulement dans la mesure où ils apparaissent de nature à favoriser, et non à entraver, l'accomplissement de cet objectif fondamental ;
[...]"

On pourrait demander aux grecs, comme à tous les peuples "aidés" par le FMI, s'ils ont l'impression que les mesures prises dans leur pays ont pour objectif leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.




On retrouve la déclaration de Philadelphie dans son intégralité sur le site de l'OIT.

dimanche 9 mai 2010

la fiction du jour

Disons qu'il y a une guerre. Un pays de l'Union européenne est attaqué. C'est brutal et les populations civiles souffrent. Comment réagiraient les autres pays de l'Union ?

Visiblement, leur réaction serait d'observer, un tantinet inquiets, la situation évoluer. Quand se poserait légitimement la question de la solidarité, on insisterait alors sur les faiblesses du pays attaqué, comme pour dire qu'il l'avait un peu cherché, finalement. Chacun musclerait un peu ses défenses, au cas où il viendrait à l'attaquant l'idée de s'en prendre à un autre. Mais surtout chacun en profiterait pour faire passer en urgence les réformes les plus iniques, revenant sur des décennies de conquêtes sociales, parce qu'un tel épouvantail à agiter à la face du peuple ne se présente pas tous les jours.
Et puis, pour se donner bonne conscience, on proposerait au pays attaqué de lui vendre quelques armes à prix d'or. Il n'y a pas de petits profits.

Et dire qu'on nous explique à longueur de discours que si l'Union n'est pas forte, c'est parce que les citoyens "ne se sentent pas européens". ça pourrait être une bonne blague. Mais il y a des gens qui souffrent et qui tentent de résister.

samedi 1 mai 2010

la fête du jour

C'est la fête du Travail !

Un collègue me disait hier : "Si on fête le travail, on devrait travailler ce jour là". Aïe.

Et si on revenait aux fondamentaux ? Au départ, la fête du Travail était la fête internationale des travailleurs et avait pour principale revendication la réduction du temps de travail et la journée de 8h. Déjà.

Ce n'est que sous le régime de Vichy que cette journée devient la fête du Travail et de la Concorde sociale, érigeant le travail au rang de valeur (Travail, Famille, Patrie) pour mieux discréditer la politique menée par le Front Populaire (semaine de 40h, congés payés,...). Cette vision du travail comme valeur est aujourd'hui encore bien présente dans le discours politique de droite, comme l'illustre la phrase de Nicolas Sarkozy : "le travail est une libération, le chômage est une aliénation" (Arbeit macht frei, dirait-on en allemand). Dans le discours de la droite, mais pas que...

Aujourd'hui, la revendication principale de ce 1er mai 2010 porte sur les retraites. Et c'est finalement encore et toujours la question de la réduction du temps de travail qui se pose. Non plus seulement au sens de sa durée hebdomadaire, mais tout au long de la vie.


vendredi 30 avril 2010

l'interview du jour

Je tiens à partager cet extrait d'une interview du philosophe allemand Michael Hirsch, parce qu'à la veille du 1er mai, il est bon de réfléchir à la place du travail dans notre société. Cette interview a déjà deux ans mais, franchement, il n'y a pas grand chose à y ajouter.

"La crise de l'Etat-Providence depuis les années 1980 tient d'abord au fait d'un chômage structurel dans nos sociétés. Le chômage structurel met en crise le mode de financement de la solidarité sociale par des cotisations sur l'emploi, par un système d'assurance lié à un emploi stable. le système de l'Etat-Providence reposait sur l'institution du plein emploi, donc du caractère exceptionnel du chômage. Quand le chômage (donc la diminution du montant de temps de travail nécessaire à la production d'un niveau donné de richesses) devient structurel et "normal" au lieu de se présenter comme "exceptionnel" (c'est à dire lorsqu'il devient une réalité persistante tant dans les vies de chacun qu'à l'échelon de la société), le système social n'a plus d'assise financière et politique. L'importance structurelle du travail précaire détruit aujourd'hui le fondement et l'égalité du système social. Elle crée des inégalités fortes. La Sécurité sociale, avec ses trois éléments que sont l'assurance-chômage, l'assurance-maladie et l'assurance-retraite, se transforme ainsi en un instrument d'inégalisation croissante de la société, et de destruction de la solidarité sociale. Afin de garantir la solidarité, la Sécurité sociale doit par conséquent être déliée de l'institution d'un emploi stable. Si tel n'est pas le cas, les Etats instaurent _ comme on peut l'observer aujourd'hui _ un régime d'exception permanente dans le champs de la politique sociale.

"Je ne préconise pas du tout d'en finir avec l'Etat. L'Etat n'est pas à la source du chômage, mais à la source d'une définition fausse du problème du chômage, et donc d'une description entièrement fausse et réduite des options politiques, sociales et économiques à discuter. Cette fausse définition soutient l'idée que le problème du chômage est un problème de manque d'emplois et que l'Etat à pour rôle d'en créer. D'où un Etat activiste qui, au lieu d'assurer une sécurité sociale à chaque citoyen (c'est à dire un revenu suffisant pendant toutes les phases de la vie, jeunesse et vieillesse comprises, et l'accès au système médical), lie l'aide sociale à l'obligation d'un travail quelconque. Autrement dit, l'Etat subventionne les mauvais emplois, les petits boulots. Aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne et en partie en France, il a introduit le travail obligatoire. Autrement dit, l'Etat répond au problème du chômage par un régime d'occupation permanent par lui-même (son appareil administratif) et les sujets concernés (stages, formations, contrôles,...). La Sécurté sociale devient ainsi un instrument répressif du gouvernement des sujets. Pour éviter ce problème, il faut d'un côté redéfinir et réduire la tâche de l'Etat et, de l'autre, redéfinir le problème du chômage. D'abord, partir de la thèse selon laquelle il n'y a pas de problème de l'emploi. Le problème, c'est celui d'une nouvelle répartition des richesses, des fonctions, des capacités et du respect.

"Au coeur d'un projet politique progressif, il y a deux propositions. D'un coté, la proposition d'un revenu social garanti qui remplace les structures administratives et répressives de l'Etat-Providence. De l'autre, la proposition classique, qui se trouve déjà chez Marx, d'une diminution radicale et d'une nouvelle répartition des heures de travail pour tous. Deux buts sont donc poursuivis : premièrement, créer un revenu social garanti qui ne soit pas une indemnité de chômage mais un droit social constitutionnel ; et, deuxièmement, créer du temps disponible pour tous en dehors du travail payé. Le nouveau projet politique doit partir de la thèse centrale suivante : il faut rompre avec la société de travail entendue comme un système qui centre la vie de chacun sur le travail salarié. Ce qui est fini, ce qui doit finir, ce n'est pas seulement le "plein-emploi", mais c'est plus précisément le "plein emploi du temps", c'est à dire la centralité temporelle, juridique et culturelle du travail payé dans nos vies. La tendance inégalitaire qui caractérise nos sociétés résulte de la sauvegarde d'un modèle obsolète de la vie et du travail. Nous ne manquons pas d'emplois. Comme le dit André Gortz, la travail et la société de travail ne sont pas en crise parce qu'il n'y aurait pas assez à faire, mais parce que le travail dans un sens très spécifique est devenu moindre et parce que ce qui reste à faire appartient de moins en moins à ce type de travail salarié. L'alternative est donc simple. Soit on soumet ces activités de type non économique à une logique économique et on fait des petits boulots subventionnés par l'Etat. Soit on les libère selon leur propre logique sociale du don et de l'échange autonome. La tâche future consiste à créer un société de la multiactivité qui redistribue de façon égalitaire les activités et les capacités économiques, culturelles, affectives, sociales, politiques, etc. La base de cette société sera un revenu garanti et la diminution radicale des heures de travail pour tous. L'objectif d'une telle politique de réforme est de libérer les activités de type non rentable de la logique économique et symbolique de "l'emploi", entendu comme le signe d'une justification sociale de mon existence. C'est pourquoi la société de la multiactivité doit partir d'une axiomatique forte : la dignité absolue, inconditionnelle de l'homme qui, dans les conditions actuelles, se voit systématiquement détruite."

jeudi 29 avril 2010

le pulitzer du jour

remporté par Thomas Mankowski, journaliste de Sud Ouest à Villeneuve-sur-Lot (47), grâce à cet extrait d'un article paru aujourd'hui sur les nouveaux visages de l'UMP villeneuvois :
"Interrogé, l'intéressé préfère rester dans l'ombre : « Je sais que mon nom circule mais j'insiste, je ne suis pas pour le moment candidat. » Comprendre : pas question de titiller les subtilités dans le camp."

Le jury a estimé qu'un tel effort de clarification du propos était à saluer.

la médaille du l'hypocrisie du jour

attribuée avec mention à Alain Juppé, le très innocent maire de Bordeaux qui tombe des nues après la diffusion sur france2 d'un reportage sur les catholiques intégristes qui occupent l'église St Eloi.

"Quoi ? Comment ? des intégristes violents dans ma ville et je ne suis pas au courant ? mais que fait la police ?" Voilà, à peine résumée, la réaction de notre candide édile.

Et pourtant...
Le tribunal administratif avait invalidé la délibération accordant à la confrérie St Pie X le droit d'occuper l'église. Cette décision avait ensuite été confirmée par la cour administrative d'appel. Pourtant la mairie à fait preuve d'un empressement peu commun à ne pas appliquer la décision.
A maintes reprises, les occupants ont multiplié les provocations (célébration de messes en l'honneur de Pétain, baptême de la fille de Dieudonné en présence de Le Pen,...) et à maintes reprises les associations de lutte contre le racisme et l'antisémitisme ont manifesté, alerté l'opinion et le maire. Mais rien.
Mais que fait la police ? Pendant plusieurs mois les forces de l'ordre protégeaient les abords de l'église pour que les intégristes ne soient pas importunés. A croire que la présence illégale de certaines populations est "visiblement" plus dérangeante que d'autres.

Et aujourd'hui le maire s'insurge. Bien joué M. Juppé.

samedi 13 mars 2010

l'anniversaire du jour

C'est celui de ma grand-mère. Je viens de l'appeler et elle sait que je pense à elle très fort.

Aujourd'hui, on apprend la mort de Jean Ferrat. Et je pense d'autant plus fort à mes grand-parents. Quand j'étais petit et que, invariablement, on écoutait une cassette de Jean Ferrat dans la voiture de mes grand-parents, j'étais persuadé que c'était mon grand-père qui chantait.
Cette voix a toujours été familière. C'était les chansons de mon grand-père, dont je ne comprenais pas le sens, mais dont la musique me trottais dans la tête. Ce sont les chansons qui m'ont fait découvrir les merveilleux textes d'Aragon, dont chaque mot est une perle, dont chaque poème est un morceau d'orfèvrerie. Ce sont les textes qui ont accompagné l'éveil de ma conscience, persuadé que je suis qu'il y a d'autres choix pour vivre que dans la jungle ou dans le zoo.

Tu vas nous manquer, Jean, mais toutes tes chansons restent avec nous, pour notre plus grand bénéfices, et celui des générations futures. Je serai aussi ce grand-père qui chantera les chansons de Ferrat.

mercredi 3 février 2010

le monopole du cœur du jour

détenu par Jean Lassalle expliquant dans SudOuest aujourd'hui que sa liste est "batie sur l'émotion".
En même temps, il a plutôt bien fait de pas trop s'avancer sur les compétences...

jeudi 21 janvier 2010

la décomplexée du jour

Nicole Ameline, députée UMP du Calvados et ancienne ministre, dont l'AFP nous rapporte les propos suivants : "La figure du maréchal Pétain a sa place à la mairie, comme ont leur place dans notre mémoire les moments les plus douloureux comme les plus glorieux de notre histoire".

Cette déclaration intervient en soutien d'un maire de sa circonscription qui refuse mordicus de retirer le portrait du Maréchal du mur sur lequel figurent tous les anciens présidents de la République.

La droite est décomplexée, c'est une certitude. Mais suggérons au maire en question un beau geste : il décroche le portrait de ce mur sur lequel il n'a évidemment pas sa place et, en échange, le gouvernement soutenu par Mme Ameline s'occupe de faire survivre les idées.