dimanche 24 octobre 2010

Le député du jour

C’est le député d’Ungava.

La circonscription d’Ungava, c’est tout le Nord-du-Québec. Wikipedia nous informe qu’elle mesure 839000 km² (la France fait 547000 km²) pour 40000 habitants, ce qui donne une densité dérisoire.


Des descriptions plus poussées existent un peu partout sur Internet, ainsi que des explications sur les populations autochtones, leurs relations avec le Québec et le Canada, et tout ce qui permet de comprendre ce territoire si particulier.

La question que je me posait, et que j’ai posée au député d’Ungava, Luc Ferland, c’est celle de la manière dont on fait campagne dans une telle circonscription et dont on la représente. Visiblement, c’est à la fois simple et compliqué.

D’abord, il faut avoir à l’esprit que le bassin principal de population est au sud de la région, en Jamésie. Même si ça représente déjà des distances énormes sur des routes parfois approximatives, la population québécoise non autochtone est concentrée là. Les populations autochtones, Cris et Inuits, qui peuplent le reste de la région, ne participent habituellement que très peu aux élections, du fait qu’ils ont leurs propres instances représentatives. Le rôle du député est alors d’assurer un lien permanent avec ces instances et d’être vigilant quant à leurs relations avec le gouvernement.

Mais, au vu d’une discussion de cinq minutes au détour d’un couloir qui s’est transformée à ma plus grande joie en une conférence d’une demie heure devant une carte, je crois pouvoir dire que la passion pour ce territoire, la capacité d’y voir l’avenir du Québec, l’envie de le développer dans le respect d’un environnement exceptionnel et en se basant sur le savoir-faire et l’expertise des populations locales, sont déterminants.

jeudi 21 octobre 2010

Le libéralisme du jour

C’est le libéralisme que j’observe au Québec. Et que j’apprécie, je dois l’avouer.

D’abord, je tiens à préciser que je ne parle pas que du Parti libéral du Québec. A mon sens, le Parti Québécois porte également une idéologie libérale. Plus sociale-démocrate, certes, mais néanmoins libérale.

Alors, pourquoi j’apprécie ce libéralisme ? Avant tout parce qu’il est cohérent. Parce que s’il est économique, il est aussi social et politique et qu’il ne hiérarchise pas ces aspects entre eux.

C’est un libéralisme économique, bien sûr, mais au sens le plus complet. Le libre-échange et l’économie de marché s’accompagnent d’une véritable protection des consommateurs et d’une garantie de la concurrence et de la transparence. Même si quelques affaires récentes doivent alerter sur un besoin accru de vigilance.

C’est un libéralisme politique, parce que si les débats sont virulents, ils n’empêchent jamais l’entente et le respect. On sent une unanimité certaine à défendre le pluralisme et la liberté d’expression. Et on sent aussi une certaine vigilance dans ce domaine où, en quelque sorte, rien n’est jamais considéré comme définitif.

C’est donc aussi un libéralisme social parce qu’il semble évident au Québec de garantir les libertés individuelles. Et cela de manière très effective. L’exigence de sécurité, par exemple, ne saurait justifier un recul de ces libertés. Et cela implique aussi une égalité des droits qui a conduit, par exemple, à l’ouverture du mariage et de l’adoption à tous les couples.

C’est un vrai défi, pour un socialiste, d’être confronté à un libéralisme ouvert, cohérent et, malgré tout, plutôt protecteur. Parce qu’il faut démontrer qu’on peut faire mieux en faisant différemment et ça exige parfois une remise en cause. Mais qu’on ne se méprenne pas, je reste résolument socialiste. Je sors même de cette expérience encore plus déterminé.

Déterminé surtout à montrer que la droite française n’est pas libérale. Elle utilise le libéralisme économique comme un alibi pour faire reculer les droits sociaux, mais elle favorise le règne des cartels, elle démantèle tous les services publics de protection des consommateurs et de répression des fraudes. Elle utilise un héritage républicain comme étendard alors qu’elle détricote de manière systématique tous les contre-pouvoirs, qu’il s’agissent de la séparation des pouvoirs, de la décentralisation, de la liberté syndicale, de l’indépendance de la presse, etc. Enfin, elle n’a besoin d’aucune justification particulière pour porter un discours conservateur, voire réactionnaire, quant à sa vision de la société, de la famille, de l’éducation…

S’il y a des libéraux de bonne foi en France, il doivent reconnaître qu’il ne peuvent pas soutenir la politique du gouvernement actuel.

mercredi 20 octobre 2010

Les frontières du jour

Ce sont les frontières du Québec, qui a décidément une place très particulière dans le Canada.

D’abord, le Québec n’a jamais ratifié la constitution du Canada, rapatriée de Londres en 1982. Ce n’est quand même pas rien. Et toutes les tentatives d’entente ont échoué depuis.

Mais, ce qui est peut être encore moins connu et pourtant tout aussi spectaculaire, le Québec ne reconnaît pas non plus ses frontières géographiques, en particulier quant au Labrador.

Pour mieux comprendre, il faut toujours avoir à l’esprit que l’histoire du Québec, et du Canada dans son ensemble, est celle de colonies britanniques. Ainsi, les différents découpages et redécoupages du territoire ne sont pas le résultat d’accords entre les provinces, mais des décisions de Londres. Depuis 1763 et le transfert des possessions françaises du Canada à l’empire britannique, le découpage et la situation administrative du Labrador a changé à plusieurs reprises.

En 1927, Terre Neuve est une province britannique à part entière et ne fait pas partie du Canada. Le conseil privé de Londres fixe les frontières du Labrador telles qu’on les connaît et attribue ce territoire à Terre Neuve. Le gouvernement du Québec refuse de reconnaître ce jugement.

En 1949, Terre Neuve rejoint la confédération canadienne et négocie avec Ottawa que les frontières de 1927 fassent partie intégrante de la constitution. Au détriment du Québec, donc.

Enfin, en 2001, le nom officiel de Terre Neuve est reconnu par Ottawa comme Newfoundland and Labrador. A cette occasion, le gouvernement du Québec réaffirme qu’il ne change en rien sa position sur le litige concernant la frontière.

Tout ça peut avoir l’air de petites chicanes anecdotiques. Et c’est vrai que ces affrontements sont, heureusement, purement administratifs. Mais il me semble important d’avoir ces éléments à l’esprit parce qu’ils ont une incidence concrète sur les enjeux actuels, en particulier industriels et environnementaux, si l’on prend l’exemple de l’exploitation des gisements pétroliers du golfe du Saint-Laurent.

carte du Québec, publiée en 1985, intégrant le Labrador sans même y faire référence

mercredi 13 octobre 2010

Le jeune du jour

est un irresponsable.

Franchement, qu'est-ce qui lui prend d'aller se mêler de politique ? Ou pire, de contestation sociale !

Comme dirait l'autre : "passe ton bac d'abord !"

Histoire de bien lui faire comprendre qu'il n'est pas apte à décider de son avenir lui même, en tous cas pas tant qu'on ne lui aura pas bourré le crâne correctement. Quand il aura admis que de se regrouper pour changer les choses n'est qu'une bêtise de gosse et qu'être responsable c'est avant tout s'occuper de son petit confort personnel, il sera une grande personne responsable.

Eh bien, tout ça donne envie de faire le mur.

Les questions du jour

Ce sont les questions au gouvernement.

Autant en France qu'au Québec, c'est un moment fort de la vie parlementaire. Entendons-nous, nous sommes au 21e siècle. Si c'est un moment fort, ce n'est pas parce qu'on y fait avancer le débat législatif sur des mesures importantes pour le quotidien des citoyens, mais parce que c'est médiatisé.

Je promet même un bel avenir aux questions au gouvernement. La forme est parfaite pour la télévision : les interventions sont très brèves, les orateurs rivalisent en formules chocs, petites phrases, voire en amalgames grossiers et injures. Et même ceux qui ne parlent pas font le spectacle. Signe ultime : la période des questions est abondamment livetwitée (ce mot devrait apparaître dans le Larousse 2012) et le hashtag #QAG a même été le plus utilisé aujourd'hui en France.

Si les parlementaires québécois ne rivalisent pas encore avec les français, je pense néanmoins qu'ils ont un potentiel encore plus important et que les règles qui régissent leurs travaux y sont pour beaucoup.

D'abord, la période dure exactement quarante-cinq minutes, et il n'y a pas d'arrêt de jeu. C'est à dire que s'il y a du bruit, le président de l'Assemblée se lève, l'orateur se tait et on attend que le calme revienne. C'est autant de questions qui ne seront pas posées. Le calme revient donc rapidement, et ça tranche avec le vacarme qui règne constamment en France et qui fait que les orateurs hurlent dans leur micro. Le spectateur aime l'action, mais il apprécie aussi de ne pas avoir le tympan agressé.

L'autre spécificité québécoise, c'est que seule l'opposition pose des questions. Ainsi, pas de question "sucette" qui n'ont rien d'une question et qui ne servent qu'à brosser un ministre dans le sens du poil. Hop, on évite la demie heure de langue de bois qui nous est imposée en France.

Enfin, lorsqu'un député québécois estime que le ministre n'a pas entièrement répondu à sa question, il peut poser une ou deux questions complémentaires. On imagine toute la stratégie que cela autorise dans l'ordre des questions, les pièges tendus ou les révélations fracassantes. Le spectateur, tenu en haleine, est comblé.

Attention, je ne suis pas ici en train de dénigrer la période des questions au gouvernement. Je cherche d'abord à comparer les systèmes français et québécois. Je pense d'ailleur que les QAG sont un formidable moment de démocratie, le moment où l'exécutif doit rendre des comptes devant la représentation nationale. Il faut simplement trouver le bon équilibre entre ce qui va permettre d'attirer le spectateur et ce qui va éclairer le citoyen. De ce point de vue, aucun des systèmes n'est parfait. Mais, même si l'on ne peut pas juxtaposer des régimes aux bases si différentes, je pense qu'ils peuvent peut-être s'enrichir l'un l'autre de ce qu'ils ont de meilleur.

mardi 12 octobre 2010

La parole d'or du jour

C'est celle de Bertrand Delanoë.

"Eh bien, cette unité que le sommet de l’Etat s’ingénie à briser est en train de se reconstituer dans la rue… Salariés du privé et du public, jeunes et moins jeunes, Parisiens et Provinciaux, de toutes origines, de toutes convictions : tous se rassemblent, animés de la même indignation et de la même espérance. La société se cloisonne quand elle subit. Dans l’action, elle retrouve son unité."

C'est le genre de mots qui redonne des reins et du coeur.
On peu lire le texte intégral sur son blog.

jeudi 7 octobre 2010

Le ministère du jour

C'est le ministère de l'occupation du territoire.

Je pensais au départ que c'était une autre façon de parler d'aménagement du territoire. Et bien, je ne pensais pas si bien dire. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que sur un territoire trois fois grand comme la France, les Québécois sont moins de huit millions. Autant dire qu'il n'est pas nécessaire d'aller dans le grand nord pour trouver des terres vierges. Même dans le sud, on peut trouver d'immenses forêts dans lesquelles ne s'aventurent que quelques chasseurs à l'occasion.

La problématique, avant même l'aménagement, est donc bien l'occupation du territoire. Et cet immense potentiel laisse rêveur.

vendredi 1 octobre 2010

Le syllogisme du jour

Comme l'explique très bien Louise Beaudoin, défendre le français dans le monde, c'est défendre la diversité linguistique en général.

Or, défendre la diversité linguistique c'est, en particulier, défendre ce que l'on appelle en France, avec toujours un peu de mépris, les langues régionales.

On peut donc affirmer que la défense et la promotion du fait francophone implique naturellement la défense et la promotion des langues dites régionales en France. Et inversement.

C'est à première vue un paradoxe, mais plus je comprend l'approche qu'ont les québécois avec les langues, plus je suis convaincu que la diversité est la vraie richesse. Au XXIe siècle, plus personne ne peut envisager sérieusement de ne parler qu'une seule langue, et la complémentarité oblige la coopération et la solidarité.