samedi 14 janvier 2012

Le paradoxe du jour

C'est Eva Joly, candidate du meilleur et du pire.

Le meilleur ? Ce clip sur les accents de la langue française :


C'est joyeux, c'est universel. On l'aime cette France là, qui parle en français pour se comprendre, mais un français de partout, riche des cultures pluricentenaires et des langues ancrées dans les régions françaises, riche des apports des francophones du monde entier et riche des trouvailles de tous ceux qui ont fait le choix à un moment de leur vie de parler cette langue.

Albert Camus disait que sa patrie, c'était la langue française. Mais l`écrivain ayant grandi en Algérie ne parlait certainement pas du français uniformisé, insipide et soi-disant "sans accent", parlé essentiellement à la télévision et qui est, en fait, l'accent de la télévision. Il voyait dans le français cette grande langue internationale qui unit les peuples par delà les cultures et les frontières et dont les "français de France" oublient souvent d'être fiers.

Mais, chez Eva Joly, il y a aussi le pire.

Le pire ? C'est cette proposition de faire de Kippour et de l'Aïd el-Kebir des jours fériés. Alors là, on n'est plus du tout dans la tradition universaliste de la République. Eva Joly souhaite par cette mesure faire avancer la laïcité mais, la laïcité, ce n'est pas un compromis entre les religions. Un compromis qui d'une part, comme tout compromis, créerait des insatisfactions (car quid des autres religions ?) et donc renforcerait les revendications communautaristes au lieu des les apaiser. Et un compromis qui d'autre part, laisse de coté le plus grand nombre des français qui, eux, ne croient pas ou ne pratiquent aucune religion. Les laisse de coté ou, pire, les somme de choisir un camp s'ils veulent exister.

La laïcité, c'est au contraire une organisation de la société telle que chacun est libre de croire ou de ne pas croire, de pratiquer une religion ou de n'en pratiquer aucune. Alors oui, la situation actuelle est certainement insatisfaisante mais il y a bien d'autres choses à faire comme tout simplement abolir les jours fériés d'origine catholique et donner autant de jours de congés supplémentaires aux travailleurs qui en disposeront selon leur bon vouloir. Et ce n'est qu'un exemple.

Entendons nous bien, quand je parle ici du meilleur et du pire, je ne juge pas sur une échelle absolue qui permettrait de savoir ce qui est bon ou non. Je parle des français. Des critères qui font que les français reconnaissent en un candidat quelqu'un qui est apte à incarner la République. Eva Joly, dans cette campagne, porte à la fois cette vision de la République tant mise à mal par Nicolas Sarkozy, une République juste, ouverte, irréprochable (je n'ai pas abordé ses propositions sur la lutte contre la corruption, par exemple, et bien d'autres encore) et une vision que les français, dans leur majorité, ont toujours rejetée. C'est bien dommage, car c'est une des raisons qui fait que les Verts font un score lors de la présidentielle bien inférieur qu'aux autres élections. 

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