mercredi 13 octobre 2010

Les questions du jour

Ce sont les questions au gouvernement.

Autant en France qu'au Québec, c'est un moment fort de la vie parlementaire. Entendons-nous, nous sommes au 21e siècle. Si c'est un moment fort, ce n'est pas parce qu'on y fait avancer le débat législatif sur des mesures importantes pour le quotidien des citoyens, mais parce que c'est médiatisé.

Je promet même un bel avenir aux questions au gouvernement. La forme est parfaite pour la télévision : les interventions sont très brèves, les orateurs rivalisent en formules chocs, petites phrases, voire en amalgames grossiers et injures. Et même ceux qui ne parlent pas font le spectacle. Signe ultime : la période des questions est abondamment livetwitée (ce mot devrait apparaître dans le Larousse 2012) et le hashtag #QAG a même été le plus utilisé aujourd'hui en France.

Si les parlementaires québécois ne rivalisent pas encore avec les français, je pense néanmoins qu'ils ont un potentiel encore plus important et que les règles qui régissent leurs travaux y sont pour beaucoup.

D'abord, la période dure exactement quarante-cinq minutes, et il n'y a pas d'arrêt de jeu. C'est à dire que s'il y a du bruit, le président de l'Assemblée se lève, l'orateur se tait et on attend que le calme revienne. C'est autant de questions qui ne seront pas posées. Le calme revient donc rapidement, et ça tranche avec le vacarme qui règne constamment en France et qui fait que les orateurs hurlent dans leur micro. Le spectateur aime l'action, mais il apprécie aussi de ne pas avoir le tympan agressé.

L'autre spécificité québécoise, c'est que seule l'opposition pose des questions. Ainsi, pas de question "sucette" qui n'ont rien d'une question et qui ne servent qu'à brosser un ministre dans le sens du poil. Hop, on évite la demie heure de langue de bois qui nous est imposée en France.

Enfin, lorsqu'un député québécois estime que le ministre n'a pas entièrement répondu à sa question, il peut poser une ou deux questions complémentaires. On imagine toute la stratégie que cela autorise dans l'ordre des questions, les pièges tendus ou les révélations fracassantes. Le spectateur, tenu en haleine, est comblé.

Attention, je ne suis pas ici en train de dénigrer la période des questions au gouvernement. Je cherche d'abord à comparer les systèmes français et québécois. Je pense d'ailleur que les QAG sont un formidable moment de démocratie, le moment où l'exécutif doit rendre des comptes devant la représentation nationale. Il faut simplement trouver le bon équilibre entre ce qui va permettre d'attirer le spectateur et ce qui va éclairer le citoyen. De ce point de vue, aucun des systèmes n'est parfait. Mais, même si l'on ne peut pas juxtaposer des régimes aux bases si différentes, je pense qu'ils peuvent peut-être s'enrichir l'un l'autre de ce qu'ils ont de meilleur.

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