mardi 16 août 2011

Le crime du jour

C'est à mes yeux le pire qui puisse être : un jeune homme de 17 ans a été séquestré et violemment battu par ses frères pour ne pas avoir respecté le jeûne du ramadan.

Pourquoi ce crime est-il le pire ? Parce qu'il touche au principe le plus fondamental de la démocratie et des valeurs républicaines : la liberté absolue de conscience. Sans elle, le citoyen abdique ses choix de vie individuelle et collective, sa part de souveraineté à sa communauté religieuse, réelle ou supposée, et la démocratie perd son sens. Sans elle, le pacte républicain qui lie les citoyens dans un projet de société commun fondé sur la liberté, l'égalité et la fraternité est de fait remis en cause.

Ce n'est pas pour rien si de tous temps les régimes absolutistes et totalitaires ont d'abord porter atteinte à la liberté absolue de conscience. Sans remonter aux exemples antiques ou médiévaux, l'histoire moderne porte son lot d'exemples, du chevalier de la Barre aux femmes afghanes en passant par les innombrables victimes des dictatures du XXème siècle.

Mon but ici n'est sûrement pas de porter le fer contre l'islam en particulier, car ce serait une offense faite aux millions de français musulmans qui respectent la liberté de conscience. Je ne connais également que trop bien le soudain engouement pour la laïcité des islamophobes pour rentrer dans leur jeu puant. Mais il s'agit plutôt de mettre cette actualité en perspective. Ce qui me frappe en particulier, c'est que ce drame intervienne justement le 15 août, jour de la célébration de l'assomption décrété férié par nos institutions soi-disant laïques. Certes, ce jour férié comme celui de noël, du lundi de pâques ou que sais-je, ne porte pas en soi atteinte à la liberté absolue de conscience puisque ça ne m'interdit pas de continuer à croire en ce que je crois et que, d'ailleurs, la majorité des français ne sait plus vraiment de quoi il s'agit.

Ces jours fériés sont cependant l'occasion pour les médias de faire d'une procession, d'une messe ou de tel autre rite catholique une information d'importance nationale. Cela instaure un climat, une ambiance qui autorisent et légitiment les discours faisant de la religion catholique un caractère essentiel de l'identité nationale, sous réserve qu'il en soit une. Sans faire du déterminisme social de gare, on peut également penser que ce n'est pas sans incidence sur la façon dont se forment les consciences dans notre pays. Bref, cela ne peut créer que rejet d'une part, frustration d'autre part et ne promeut en aucun cas la liberté de conscience.

Toutes les religions, tous les dogmes ont leurs fanatiques et ce jeune homme ne sera hélas pas le dernier à payer si chèrement le droit de penser et de croire librement. La société, en particulier la République française, a donc l'impérieux devoir de garantir à chacun cette liberté fondamentale de croire ou de ne pas croire, de penser et d'agir selon sa conscience. A chaque fois qu'elle cède, pour quelque raison et à quelque niveau que se soit, elle se rend complice d'attaques perpétrées contre elle-même.

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