mardi 9 août 2011

Le revival du jour

C’est à propos qu’un anglicisme est utilisé dans le titre de ce billet car c’est bien des émeutes en Angleterre qu’il s’agit de parler.

Pourquoi un revival ou, en français correct, un renouveau ? Parce que les émeutes qui font si lourdement mentir la réputation flegmatique des britanniques ne sont pas une grande première. La recette est même très bien connue. Une jeunesse marginalisée et stigmatisée par la société : c’est le baril de poudre. Le meurtre d’un jeune homme par la police : c’est l’étincelle.

Il n’y a donc rien de bien surprenant dans les événements actuels. Ce qui serait surprenant par contre, ce serait qu’un responsable politique en tire enfin les leçons. Quoi faire ? Investir dans les services publics pour qu’il n’y ait plus de quartier de relégation, rénover les systèmes d’éducation et aller vers l’excellence pour tous, mettre fin aux politiques sécuritaires qui font le lit de la xénophobie et des discriminations, etc.

Il faudrait comprendre surtout que les mêmes causes produisent partout les mêmes effets. Il n’y a rien d’étonnant à voir ce qui s’est passé en France en 2005 se produire en Angleterre en 2011. On peut aussi faire le lien avec la Tunisie où la mort de Mohamed Bouazizi a été le catalyseur d’une souffrance sociale largement répandue. C’est donc à l’échelle internationale qu’il faut agir.

En désincarnant le Capital, la financiarisation avait déjà conduit à la disparition de tout dialogue dans l’entreprise, de toute possibilité pour les travailleurs de poser un rapport de force efficace. Désormais, sous la pression menaçante des institutions financières, c’est la souveraineté des états et donc le pouvoir politique des citoyens qui sont remis en cause. Non content d’accaparer les richesses produites au détriment du Travail, le Capital veut désormais confisquer la démocratie.

Quand le présent est invivable, qu’on n’a aucun espoir en l’avenir, que l’on constate que l’on n’est plus maître de sa destinée, tant individuelle que collective, et que devient vaine toute tentative de reprendre la main à travers les institutions dédiées à l’action commune (syndicats, partis, associations, etc.), que reste-t-il sinon la destruction ?

Parfois, comme en ce moment dans la corne de l'Afrique, il n'y a même plus rien à détruire.

Face à cela, les socialistes ont une responsabilité immense. L’Internationale Socialiste serait l’organisation idéale pour développer et mettre en œuvre une alternative au capitalisme porteuse d’émancipation mais n’est hélas qu’une coquille vide. Des socialistes sont pourtant au pouvoir dans plus d’un pays. D’autres, sans gouverner leur pays, administrent cependant des régions, des territoires… et tout cela se fait chacun de son coté, sans cohérence aucune. La passivité de certains gouvernements sociaux-démocrates, l’empressement qu’ils mettent à appliquer les recommandations des organisations internationales promouvant le capitalisme néolibéral, les coalitions qu’ils forment parfois avec des partis conservateurs, sont également une source profonde d’indignation et participent de la désespérance. Les espagnols, les grecs et bien d’autres en témoignent.

S’il y a bien un renouveau à souhaiter, c’est celui de l’Internationale. Elle doit faire le tri dans ces membres et ne pas attendre qu’un dictateur soit tombé pour exclure son parti. Elle doit retravailler sur des propositions à soumettre à ses membres et les inciter à les mettre en œuvre partout où cela est possible. Elle doit organiser la résistance dans les organisations internationales.

Le capitalisme, comme annoncé depuis bien longtemps, a conduit à la guerre de tous contre tous, aux émeutes et à la barbarie. Le socialisme démocratique doit impérativement se renouveler et constituer une alternative.


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