jeudi 9 février 2012

La finale de 100 mètres du jour


C’est une image que je vais utiliser pour vous parler des élections générales au Québec.

Aujourd’hui plus que jamais, tous les partis provinciaux sont dans les starting-blocks et attendent avec impatience le signal du départ. Amis français, préparez-vous à un choc culturel : au Québec, le mandat des députés n’a pas de durée fixe. C’est le Premier ministre, chef de la majorité parlementaire, qui décide seul de la date du prochain scrutin. Entre l’annonce et l’élection, il se passe un mois. Juste un mois de campagne électorale. Voyez si la comparaison avec le sprint prend tout son sens.

Un 100 mètres quand même un peu spécial puisqu’il se court en équipe. En effet, le scrutin est uninominal à un tour. Dans chaque circonscription, le candidat arrivé en tête est élu député, quel que soit son score. Imaginez donc une ligne de départ avec dans chaque couloir un champion, le chef du parti, entouré de tous les candidats que son parti présente dans chaque circonscription. Ça en fait du monde sur la piste. Alors, pour y voir clair, et puisqu’ils n’ont qu’un mois pour trancher, les québécois se focalisent souvent sur le chef et votent pour le parti, sans réellement tenir compte de qui est le candidat local. Nous ferons de même.

Je vous laisse consulter les sites spécialisés pour ce qui est des outsiders de cette course et je ne vais ici me focaliser que sur les trois partis qui ont une chance réelle d’être sur le podium à l’arrivée.

Commençons par le nouveau venu : la Coalition Avenir Québec. Nouveau venu, parce que c’est la première fois que ce parti participe à la course. C’est d’ailleurs son argument principal : le renouveau. Mais si on regarde un peu mieux le chef, comme les autres candidats un peu connus, on constate qu’il s’agit plutôt d’une sorte d’équipe de vétérans dont les autres partis ne voulaient plus ou dont le parti d’origine n’était tout simplement pas sûr de pouvoir s’aligner seul (l’ADQ par exemple). Ce parti a tout intérêt à ce que la course soit lancée le plus tôt possible car chaque jour qui passe, c’est un peu du verni de la nouveauté qui s’effrite pour laisser voir la dure réalité.

Au rang des solides prétendants, il y a bien sûr le Parti Québécois. Solide est quand même un bien grand mot tant il est vrai qu’il est toujours en phase de convalescence après une blessure qui a laissé craindre le pire (je fais bien le commentateur sportif, hein ?). Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai déjà développé ici, mais des partis qui ont été au fond du trou et qui se relèvent encore plus fort, on en a connu, et le PQ, fort de la détermination de sa chef, Pauline Marois, et de ses toujours nombreux militants, est indéniablement dans une phase ascendante. S’il est moins pressé que la CAQ, il aimerait cependant profiter de ce regain de vigueur pour se lancer dans la course.

Enfin, le Parti Libéral au pouvoir. Son chef Jean Charest, le Premier ministre, est à la fois coureur et starter de cette course, ce qui lui donne un avantage indéniable. Il est cependant très usé par neuf ans de pouvoir et des scandales financiers à répétition. Il aurait tout intérêt à attendre que la CAQ se désagrège encore un peu et éventuellement de parier sur une de ces rechutes dont le PQ a le secret. Mais il est aussi pressé par une commission d’enquête sur le milieu de la construction, qui doit débuter dans les prochaines semaines, et qui pourrait éclabousser du monde de son entourage, sinon directement lui-même. En tous cas, son arbitrage ne se fera pas selon ce qui est le mieux pour le Québec mais bien en fonction de ce qui est le moins pire pour lui. Un avantage à double tranchant car si les québécois sont très patients, ils n’aiment pas non plus qu’on les prenne trop longtemps pour des idiots.

Comme dans un sprint, toute équipe qui veut gagner doit surtout avoir une préparation irréprochable. De ce coté, chacun a affûté ses armes. On attend plus que le signal de départ. Et que le meilleur gagne.

1 commentaire:

  1. Très bon résumé de la situation. À la vue des derniers sondages, l'issu de ce sprint est plus incertain que jamais. Le plus récent accorde 30% au PLQ, 29% au PQ et 28% à la CAQ. On peut donc en tirer 3 choses : d'abord, la CAQ est en chute libre, ayant perdu plus de 10 points depuis 1 mois, ensuite, le PQ est en constante remontée, finissant même premier chez les francophones et finalement, l'issue est impossible à prévoir, l'écart entre les partis ne dépassant même pas la marge d'erreur du sondage (3%).

    La course risque donc d'être épique !

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