lundi 13 août 2012

Les ressemblances du jour

Ce sont les ressemblances troublantes entre la campagne de Jean Charest, premier ministre sortant au Québec, et celle conduite par Nicolas Sarkozy lors de la dernière élection présidentielle.

Le roi de l'économie
Jean Charest et son gouvernement sont les champions de l'économie. La preuve : le Québec est pas pire dans la crise. Nicolas Sarkozy nous avait expliqué la même chose. C'est vrai, les deux sont les champions d'une certaine vision néo-libérale de l'économie. En France comme au Québec, baisse des impôts pour les plus riches et pour les grosses entreprises, création d'une ribambelle de taxes sur les ménages de la classe moyenne. Et en France comme au Québec, explosion de la dette. Des vrais champions.

Un chef incontesté
Jean Charest a un second point commun avec Nicolas Sarkozy : il est le chef incontesté du Parti libéral. Incontesté parce que, comme à l'UMP, tous ceux qui pouvaient porter la moindre contestation ont été fermement priés de se taire ou sont partis.

Une équipe démobilisée
Comme celui de Nicolas Sarkozy, le mandat de Jean Charest a été marqué par un grand nombre de scandales politico-financiers et par autant de démissions au sein de son gouvernement. De plus, à la veille de l'élection et en pleine crise étudiante, plusieurs piliers du camp libéral ont annoncé leur décision de ne pas se représenter. Si encore ces pertes étaient compensées par une arrivée de candidats vedettes, on aurait pu parler d'un renouvellement. Mais non. Comme autour de Nicolas Sarkozy, ceux qui restent sont les acharnés et les roquets. Beaucoup d'agressivité mais peu d'enthousiasme.

La peur de la rue
Comme ceux de Nicolas Sarkozy, les déplacements de Jean Charest sont très encadrés par les forces de police. Et l'on s'arrange pour que les caméras soient tenues au loin en cas de dérapage. Tant et si bien que les journalistes qui suivent le chef libéral en campagne ont songé à surnommé leur bus "le panier à salade". On se souvient des cars de CRS stationnés en permanence devant le local de campagne de l'UMP. La fin de semaine dernière, le rassemblement des jeunes militants du PLQ n'était accessible qu'en traversant des check-points de la Sureté du Québec.

La faute des autres
Tout comme Nicolas Sarkozy, qui voulait être président de tout, n'était responsable de rien, les ministres du PLQ ont toujours une bonne excuse pour les dysfonctionnements. En France, alors que le dernier gouvernement socialiste a pris fin en 2002 (et encore, il s'agissait d'une cohabitation avec un Président UMP), c'était évidemment ce dernier qui était responsable de tous les retards économiques, sociaux ou autres. Tellement que la twittosphère avait inventé ce magnifique hashtag: #lafauteaux35h. Au Québec, les ministres libéraux se dédouanent à longueur de temps sur leurs prédécesseurs. La dette ? La faute à Marois qui a trop dépensé quand elle était ministre des finances. La santé ? La faute à Marois qui a trop économisé quand elle était ministre de la santé. C'est incohérent ? Oui, mais c'est pas grave, c'est de la faute du Parti Québécois, qui a quitté le pouvoir il y a... 9 ans.

La faute des journalistes
"On parle beaucoup d'éthique en politique, mais on pourrait aussi s'interroger sur l'éthique des journalistes." Ça vous rappelle un certain discours de Sarkozy ? Mais c'est du Charest. Alors que des journalistes de Radio-Canada viennent de révéler qu'une enquête policière sur un contributeur du PLQ a été arrêtée après que celui-ci a rencontré le premier ministre, Jean Charest s'en est pris vigoureusement à la profession. Car c'est bien connu, en France comme au Québec, les journalistes sont tous d'affreux gauchistes.

"Après moi, le déluge"
Nicolas Sarkozy nous avait expliqué qu'il était le seul capitaine en mesure de piloter la France dans la tempête. Il avait d'ailleurs posé devant une mer d'huile pour ses affiches. Jean Charest, lui, nous a prévenu : un gouvernement du Parti Québécois plongerait le Québec dans le chaos. Rien de moins.
Les marchés financiers feraient grimper les taux d'intérêt, les prix des importations grimperaient en flèche, les entreprises et les capitaux fuiraient du jour au lendemain la belle province. Oui oui, vous lisez bien : la même description apocalyptique que celle d'une France dirigée par les socialistes. Il suffit juste de remplacer les chars soviétiques par des hordes d'étudiants anarchistes.

Un résultat identique ?
Mêmes causes, mêmes effets ? On verra les résultats des élections du 4 septembre. Mais il est quand même fort probable qu'avec les mêmes ingrédients on fasse la même soupe. Il est donc fort probable que les deux grands amis Jean et Nicolas, enfants adoptifs de la famille Desmarais, auront encore un point commun : le congédiement. 




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