mercredi 9 mai 2012

Le troll du jour

C'est Maryse Joissains-Masini, sorte de Nadine Morano botoxée façon bouillabaisse.

Pour les non-initiés, un troll est une personne qui occupe délibérément un espace de débat, en particulier sur internet, avec des arguments outranciers pour décourager tout contre argumentaire raisonnable et les participants de bonne foi. La campagne présidentielle a été l'occasion de révéler un bon nombre de talents dans ce domaine, de tous les bords de l'échiquier politique. L'utilisation accrue de twitter a fait que des militants de bonne foi mais fanatisés ou avec peu de recul sur un discours formaté sont tombés, malgré eux, dans le trollage.

Le cas de Maryse Joissains est un peu particulier. La maire d'Aix-en-Provence a fait une première déclaration dès l'annonce des résultats pour considérer que l'élection de François Hollande n'était pas légitime. Le mot est fort et en contradiction totale avec la ligne de l'UMP, son parti. Mais on pouvait mettre ce dérapage sur le compte de l'émotion et de la déception. Seulement voilà, il y a eu récidive et, plus encore, Maryse Joissains a déposé un recours devant le Conseil Constitutionnel.

Ce n'est donc pas seulement une déclaration malheureuse, c'est un acte politique avec un objectif et reposant sur une stratégie. Reste à savoir lesquels. Alors je me lance dans une proposition et la comparaison avec Nadine Morano, ministre plus chargée des annonces tonitruantes visant à détourner l'attention que de la formation professionnelle, au-delà de la classe naturelle qu'elles ont en commun, prend tout son sens. Maryse Joissains n'est pas seulement maire, elle est aussi députée des Bouches-du-Rhône, candidate à sa succession en juin prochain. Dans le contexte d'élections législatives dont l'enjeu principal est de donner ou non une majorité au Président élu pour gouverner, les candidats dans les 577 circonscriptions ont logiquement un peu de mal à tous accéder à la notoriété dont ils rêvent. Or la stratégie trollatoire de Maryse Joissains lui confère d'un seul coup une présence médiatique largement supérieure à n'importe lequel de ses concurrents dans sa circonscription et sans que cela ne lui coûte le moindre centime. Quand on sait que c'est justement sur la question des frais de campagne que porte son recours, dont elle est parfaitement consciente qu'il n'aura aucune suite, contre l'élection du nouveau Président, on peut mesurer toute l'ironie de cette situation et le cynisme dont peuvent faire preuve celles et ceux qui sont prêts à tout, et surtout n'importe quoi pour exister.


1 commentaire:

  1. Après deux municipales invalidées et une dernière victoire avec quelques dizaines de voix d'avance, il est vrai que Madame est spécialiste es légitimité des scrutins :)

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